L'incendie des Nouvelles Galeries : tragédie sur la Canebière

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Le 28 octobre 1938, un terrible incendie frappe le grand magasin des Nouvelles Galeries à Marseille. Alors que les plus hautes personnalités politiques sont présentes en ville pour un congrès, les flammes dévorent la Canebière, faisant 73 morts et révélant les graves dysfonctionnements des secours. Retour sur ce drame qui a marqué l'histoire de Marseille.

 


L'HISTOIRE EN BREF

Un incendie hors de contrôle

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Marseille 28 octobre 1938 : Le magasin Les Nouvelles Galeries détruit par un incendie.

Le 28 octobre 1938, la ville de Marseille est en pleine effervescence. Le 35e congrès du Parti radical et radical-socialiste se tient au Parc Chanot, rassemblant les figures politiques les plus importantes du pays, telles qu’Édouard Daladier, président du Conseil, Albert Sarraut, ministre de l'Intérieur, et Édouard Herriot, maire de Lyon et président de la Chambre des députés. Pendant que ces personnalités sont réunies à quelques kilomètres de la Canebière, un incendie éclate dans le grand magasin des Nouvelles Galeries, un symbole de la prospérité de la ville. S'étendant sur 3 500 m², ce magasin se préparait pour les fêtes de fin d’année, proposant à sa clientèle bourgeoise des articles de luxe comme des vêtements, des accessoires de mode, des articles ménagers et divers produits prisés.

Il est 14h37 lorsque les premières fumées noires s’élèvent du bâtiment. Le feu, attisé par les violentes rafales du mistral, prend rapidement dans les étages, alimenté par des matériaux inflammables tels que les parquets cirés, les tentures, et les tapis épais. En l’espace de quelques minutes, le sinistre devient incontrôlable. L’intervention rapide des sapeurs-pompiers de Marseille est compliquée par l’afflux de 10 000 badauds qui envahissent la Canebière, fascinés par le spectacle tragique. Cette foule massive bloque les accès et gêne les opérations de secours, rendant la tâche des pompiers encore plus difficile. Des problèmes techniques aggravent la situation, avec des tuyaux d’eau qui éclatent sous le passage des véhicules d’intervention.

Des personnalités impuissantes face à la tragédie

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Pendant que le cœur de Marseille est en proie aux flammes, Daladier, Sarraut, et Herriot assistent à la scène depuis leurs hôtels de luxe situés en face des Nouvelles Galeries. Ils observent, impuissants, le feu dévorer le centre-ville. Le spectacle est terrifiant, et la colère des autorités monte rapidement. Daladier, abasourdi par le chaos, lance la célèbre phrase : « Qui commande ici ? N'y a-t-il donc pas un homme pour diriger ? ». Cette critique acerbe traduit le désarroi des personnalités politiques devant l'ampleur de la catastrophe et la désorganisation apparente des secours.

Les sapeurs-pompiers de Marseille, déjà en difficulté à cause des blessures de leur commandant, Fredenucci, et de son adjoint, le capitaine Durbec, peinent à organiser une réponse efficace. À 15h20, le contre-amiral Émile Muselier fait appel à des renforts en provenance de Toulon. Louis Godart, à la tête des marins-pompiers de Toulon, arrive sur les lieux avec ses hommes à 17h, mais ils sont confrontés à de nombreux obstacles. Leurs équipements ne sont pas compatibles avec ceux de Marseille, et ils sont contraints de puiser l’eau du Vieux-Port. Malgré leurs efforts, le feu continue de se propager, menaçant même les hôtels voisins, dont le Grand Hôtel Noailles. Finalement, après plusieurs heures de lutte acharnée, l’incendie est maîtrisé, mais le mal est fait.

De nouvelles réformes de sécurité

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Des cercueils destinés aux victimes de l'incendie sont entrposés à la bibliothèque de Marseille.

Le bilan est désastreux : 73 morts, principalement des employées du magasin, et entre 150 et 200 blessés. La plupart des victimes sont enterrées dans une sépulture collective au cimetière Saint-Pierre. La ville est en deuil, mais au-delà de la douleur, ce drame met en lumière des dysfonctionnements graves dans la gestion des secours et des infrastructures. Le maire Henri Tasso est rapidement démis de ses fonctions, et Marseille est placée sous la tutelle de l'État jusqu’en 1944. Le corps municipal des sapeurs-pompiers est dissous, et une unité militaire, les marins-pompiers de Marseille, est officiellement créée le 29 juillet 1939 pour prendre le relais et protéger la ville de futures catastrophes.

Au-delà des frontières de Marseille, cette tragédie entraîne des réformes nationales. Deux semaines après l’incendie, de nouvelles normes de sécurité incendie sont imposées aux établissements recevant du public (ERP). En 1941, un texte national précise les mesures à respecter pour garantir la sécurité dans les ERP et instaure des commissions de sécurité chargées de vérifier leur application. Le magasin des Nouvelles Galeries, réduit en cendres, laisse place en 1952 à un nouvel immeuble moderne, connu aujourd’hui sous le nom de building de la Canebière. Une plaque commémorative, installée près de la caserne des marins-pompiers, rappelle encore aujourd’hui ce terrible drame qui a marqué l’histoire de Marseille.


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