Le désastre de la rue Royale : quand le mariage du roi vire au cauchemar

2 Rue Royale Paris

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Le 30 mai 1770, pour les festivités du mariage entre Louis XVI et Marie-Antoinette, la ville de Paris organise un grand feu d’artifice pour le grand public. Mais ce qui devait être une soirée de célébration bascule soudainement en une catastrophe sans précédent. Suite à un incident durant le spectacle, une partie de la foule tente de fuir et se retrouve entasser rue Royale. Ce drame, marqué par des bousculades meurtrières et une gestion désastreuse de la sécurité, reste gravé dans l’histoire de Paris comme l’un des plus grands désastres civils avant la Révolution.


L'HISTOIRE EN BREF

Un mariage royal qui vire au drame


Temple de l'Hymen, dressé sur la Place de Louis XV pour le feu du 30 mai 1770

Le 30 mai 1770, tout Paris se réunit place Louis XV, actuelle place de la Concorde, pour célébrer le mariage de Louis-Auguste, futur Louis XVI, et de Marie-Antoinette d’Autriche. La place, encore inachevée, accueille un feu d’artifice spectaculaire. Le bouquet final promet une gerbe de 30 000 fusées, attirant une foule immense de curieux et de fêtards. Au centre de l’esplanade, trône le Temple de l’Hymen, une grande structure ornée de décorations, construite pour symboliser l’union royale.

Mais le chaos s’installe lorsque l'une des fusées, mal dirigée, termine sa course dans les pièces destinées au bouquet final et provoque un incendie. La structure s’embrase et les flammes atteignent le Temple de l’Hymen, transformant la scène en un brasier. Des badauds se retrouvent piégés par le feu, et certains se voient même transformés en torches vivantes. Le spectacle tourne à la catastrophe, et la foule, prise de panique, se précipite vers la rue Royale, cherchant à s’échapper vers les boulevards. Ce passage étroit devient un piège mortel : les Parisiens se retrouvent coincés entre les carrosses des notables et une foule arrivant en contresens pour assister aux festivités. Ce qui devait être une soirée de réjouissances devient alors le théâtre d’un drame humain.

La rue Royale, le piège d’une foule en panique

Feu d'artifice tiré place Louis XV le 30 mai 1770

L’étroite rue Royale devient un véritable goulet d’étranglement lorsque la foule s’y engouffre et rencontre un flot de spectateurs venant de l’autre sens. Les gens s’entassent, et la ruée vers les boulevards est stoppée par des obstacles inattendus. Des carrosses stationnés bloquent le passage, créant un mur infranchissable, tandis que les chevaux affolés se cabrent et écrasent les fuyards. La situation se dégrade encore avec le sol parsemé de fossés, vestiges des travaux en cours.

Les spectateurs sont pris au piège. Des centaines de personnes chutent dans les fossés en construction tandis que d’autres sont piétinées par la foule. De nombreuses victimes se font faucher par les ruades des chevaux paniqués, d’autres sont écrasées par les voitures de notables, conduites par des cochers tentant de fuir pour protéger leurs employeurs. Partout, des cris et des bousculades plongent la scène dans une cacophonie infernale. Les secours peinent à se frayer un chemin et perdent un temps précieux. Les gardes, débordés, ne parviennent pas à contrôler la situation. Au total, 132 morts sont recensés initialement, mais les chiffres, après vérification, dénombreront près de 700 victimes, faisant de cet événement l’un des plus terribles désastres civils.

Les conséquences d’une tragédie historique

Antoine de Sartine

Ce désastre expose brutalement les lacunes de la sécurité parisienne. Le lieutenant général de police Antoine de Sartine, bien qu’averti des risques, n’a pas pu agir à temps pour éviter la catastrophe. Rapidement, des critiques s’élèvent. La gestion de la foule et l’absence de planification pour des sorties d’urgence mettent en lumière l’inefficacité de la police parisienne, autrefois enviée dans toute l’Europe. La foule meurtrie réclame justice, et une enquête est ordonnée par le parlement de Paris pour examiner les responsabilités.

Les réformes suivent de près. En 1771, la garde de Paris absorbe le guet, consolidant la chaîne de commandement sous une seule autorité pour prévenir de nouveaux désastres. Ce Grand Étouffement de la place Louis XV marque ainsi le prélude à une modernisation de la gestion de l’ordre public. Cet incident laisse non seulement un sentiment d’injustice, mais accentue également la méfiance envers les autorités de l’Ancien Régime, sentiment qui se renforcera dans les années précédant la Révolution. Ce drame devient un symbole de la nécessité de réformer, et annonce les transformations profondes qui s’opéreront dans la société française.


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