Le mystère de l'affaire Steinheil : entre crime et scandale politique
6 Imp. Ronsin Paris
Au début du XXe siècle, l'affaire Steinheil ébranle la société parisienne. Marguerite Steinheil, mondaine influente et ancienne maîtresse du président Félix Faure, est accusée du double meurtre de son mari et de sa belle-mère. Malgré des preuves troublantes, elle est acquittée lors d'un procès spectaculaire. Ce scandale criminel restera à jamais l'une des affaires les plus intrigantes de la Belle Époque.
L'HISTOIRE EN BREF
L'affaire Steinheil : un double meurtre au cœur de Paris
1908, la maison de Steinheil dans l’impasse Ronsin à Paris, là où le double meurtre a eu lieu, et l'horloge qui s'est arrêtée à l'heure exacte du crime.
Le 31 mai 1908, le valet de chambre des Steinheil, Rémy Couillard, fait une découverte macabre dans la demeure de l’impasse Ronsin, à Paris : Adolphe Steinheil, peintre portraitiste, et sa belle-mère, Émilie Japy, sont retrouvés morts. Adolphe a été frappé à la tête et Émilie a été étranglée. Son épouse, Marguerite Steinheil, ligotée à son lit mais indemne, affirme avoir été attaquée par quatre criminels venus voler des bijoux, dont certains avaient été offerts par le président Félix Faure.
Marguerite Steinheil n'était pas une femme ordinaire. Issue d'une riche famille industrielle, elle avait épousé Adolphe Steinheil en 1890, mais rapidement, elle s'était ennuyée dans cette vie de couple. À la recherche de frissons et de mondanités, elle fit la connaissance de Félix Faure, alors ministre, lorsque celui-ci venait poser régulièrement pour son portrait. Leur relation devint intime, et lorsque Faure devint président de la République, leur liaison continua en secret. Le 16 février 1899, Félix Faure mourut dans des circonstances scandaleuses : il succomba à une congestion cérébrale dans les bras de sa maîtresse, Marguerite Steinheil, à l'Élysée. Ce scandale, déjà immense à l'époque, allait être amplifié par l'affaire criminelle qui suivit des années plus tard.
Une enquête pleine de fausses pistes
Portrait de Marguerite Steinheil (1899)
L'enquête sur les meurtres d’Adolphe Steinheil et d’Émilie Japy est d’abord confiée à Alphonse Bertillon, pionnier de la criminologie et inventeur de méthodes modernes comme l’anthropométrie et l'analyse des empreintes digitales. Cependant, malgré les moyens technologiques mis en place, aucune preuve irréfutable ne permet de relier directement Marguerite Steinheil au crime. Très vite, son comportement intrigue les enquêteurs. Marguerite donne plusieurs versions des événements de cette nuit tragique, ce qui finit par éveiller les soupçons.
Deux chambres de la maison Steinheil le lendemain matin des meurtres
Marguerite fait alors une série d'accusations pour détourner l'attention. Elle tente d'impliquer son valet de chambre, Rémy Couillard, affirmant que celui-ci aurait volé une perle de son collier, espérant ainsi orienter l'enquête vers un motif de vol. Plus tard, elle accuse également Alexandre Wolff, le fils de sa bonne, d'avoir participé à l'agression. Cependant, ces pistes sont rapidement écartées par les enquêteurs, renforçant l'idée que Marguerite cherchait à brouiller les pistes. Malgré ses tentatives de manipulation, la police constate des incohérences dans son récit et remarque que les liens qui la retenaient étaient curieusement lâches, laissant penser qu'elle aurait pu les défaire elle-même. Le comportement de Marguerite, jugé de plus en plus suspect, finit par la mener en prison en novembre 1908, après des mois de pressions médiatiques et d’investigations infructueuses. Pendant son incarcération, Marguerite maintient sa version des faits, mais les enquêteurs continuent de creuser dans son passé, notamment ses relations avec des hommes influents, ce qui accentue encore plus l'ampleur du scandale. La presse la surnomme alors « la veuve diabolique », exacerbant sa réputation de manipulatrice.
Le procès et l'acquittement
12 novembre 1909 : Madame Steinheil écoute l'accusation selon laquelle elle aurait participé au meurtre de son mari et de sa mère
Lors de son procès, Marguerite Steinheil se présente comme une victime injustement accusée. Son avocat, Maître Antony Aubin, parvient à la défendre avec brio, jouant sur l'émotion et la sensibilité du public. Beaucoup la perçoivent comme une femme manipulatrice, qualifiée de « Circé moderne » pour sa capacité à charmer et à influencer les hommes puissants. Malgré les témoignages accablants, aucune preuve concluante n'émerge. Marguerite Steinheil est finalement acquittée, mais les doutes persistent dans l'esprit de nombreux observateurs.
Après son acquittement, Marguerite quitte la France pour s’installer en Angleterre, où elle épouse un noble britannique, Lord Robert Scarlett, devenant Lady Abinger. Loin du tumulte parisien, elle mène une nouvelle vie jusqu'à sa mort en 1954. Pourtant, l’ombre de l'affaire Steinheil plane toujours sur sa mémoire, laissant un mystère non résolu dans l’histoire criminelle de la Belle Époque.
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