Oradour sur Glane : Le village assassiné

Rédigé le 10/06/2024
Ystory


"Pour le rétablissement de l'ordre et de la sécurité dans le Massif central, les mesures les plus énergiques devront être prises afin d'effrayer les habitants de cette région infectée, à qui il faudra faire passer le goût d'accueillir les groupes de résistance et de se laisser gouverner par eux. Cela servira en outre d'avertissement à toute la population." Journal de guerre du Maréchal Gerd von Rundstedt, commandant du front de l'ouest.

Le 10 juin 1944, le village paisible d'Oradour-sur-Glane a été le théâtre d'une des atrocités les plus brutales de la Seconde Guerre mondiale.

Oradour-sur-Glane, paisible village français

 

En 1944, Oradour-sur-Glane est un village où il fait bon vivre, épargné par la guerre. Les habitants ne sont ni collaborateurs, ni liés au mouvement de la Résistance. Ils sont uniquement engagés dans des activités comme le football, la pêche dans la rivière Glane. Ils aiment se réunir dans les nombreux cafés ou se rencontrer à la station de tram. Dans ces endroits, les villageois ont pour habitude de rencontrer les voyageurs des trains quotidiens en provenance de Limoges. Oradour-sur-Glane est une île dans un océan de chaos.

Un endroit paisible où des centaines de réfugiés débarquent pour fuir la guerre. Parmi eux, on trouve des Espagnols, pour la plupart des communistes qui se sont battus pendant la guerre civile espagnole. La population de la ville compte 330 habitants, mais en réalité ce nombre double avec les réfugiés présents le jour du massacre. Il y a même quelques Juifs qui se cachent dans le village car ils savent que les villageois ne sont pas partisans. De ce fait, il n'y a aucune raison pour que les forces d'occupation investissent le village. L'occupant allemand n'a donc aucune excuse pour choisir Oradour-sur-Glane. Aucune excuse pour y commettre un crime aussi horrible. Les nazis n’ont aucune raison valable d’attaquer ce petit bourg pacifique. Sauf si on ajoute à la cruauté, l'erreur fatale.

Contexte historique et préparation du massacre

La division Das Reich

 

Chef de char de la division Das Reich

Créée en 1938, la division Das Reich est l’une des plus anciennes formations de la Waffen SS, la branche armée des forces nazies. Engagée dans les campagnes d’annexion et d’invasion en Europe et sur le front de l’Est, elle s’initie aux exécutions de masse de populations civiles, faisant de la terreur sa signature. Décimée lors de sa retraite du front russe, elle est reconstituée au camp de Souges, près de Bordeaux, au printemps 1944, avec de nouvelles recrues de diverses nationalités.

Le 8 juin 1944, une partie de la division Das Reich se met en route vers la région de Tulle et Limoges, pour y mener des opérations de ratissage en réponse aux actions de la Résistance. Ce mouvement fait suite aux propositions du général Lammerding de criminaliser les "bandes" par la pression sur les populations civiles et d'appliquer des mesures répressives brutales.

Des exactions avant Oradour

Insigne de la division Das Reich

Pendant leur déplacement, les troupes de Das Reich, environ 8 500 hommes, commettent des massacres, pillages et incendies, atteignant Limoges, Guéret, et Argenton-sur-Creuse le 9 juin. Ce même jour, 99 otages sont pendus et de nombreux habitants de Tulle sont déportés.

Le régiment d’infanterie blindée Der Führer investit Limoges et sa périphérie le 9 juin. Des réunions entre officiers Waffen SS et policiers SS se tiennent pour planifier une action exemplaire. Le 10 juin, vers 13 heures, la 3e compagnie, environ 200 Waffen SS commandés par le capitaine Kahn, se met en route. Le périmètre des exécutions est délimité, et le village est méthodiquement encerclé avant l'arrivée des premiers véhicules.

 

10 juin 1944, une si belle journée

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Le massacre a lieu le samedi 10 juin 1944. Ce jour-là, les villageois attendent avec impatience la messe dominicale du lendemain, qui doit être le jour de la première communion pour certains enfants catholiques. Ils attendent aussi impatiemment ce dimanche à cause d'un match de football qui doit opposer deux équipes locales. Ce samedi, Oradour-sur-Glane est animé par la présence de nombreux habitants et d'enfants évacués d'autres régions comme Nice, Avignon, Montpellier et Bordeaux. Les écoles sont exceptionnellement remplies d'enfants pour une visite médicale. Oradour compte alors 64 garçons et 109 filles répartis dans trois salles de classe, soit un total de 191 enfants.

 

Ce samedi, il est prévu une distribution de rations de tabac. Le village est situé dans une région agricole riche et de nombreuses personnes sont présentes pour s'approvisionner en vivres. D'autres viennent pour les loisirs du week-end, la rivière Glane étant considérée comme un endroit idéal pour la pêche. L'Hôtel Avril affiche complet. Certains de ses clients sont venus de la ville pour échapper au danger des bombardements, notamment de Paris, Reims et Bordeaux. Même chose du côté de l'Hôtel Milord où la terrasse et la salle du restaurant sont pleines. Les habitants d'Oradour-sur-Glane viennent de terminer tranquillement leur déjeuner lorsque la division SS arrive aux alentours de 14h. C'est alors un convoi de poids lourds composé d’une dizaine de véhicules qui traverse la rue principale en direction de la ville haute. Là, environ 200 soldats, tous vêtus de vestes de camouflage, descendent des camions.

Le dernier rassemblement

Le garde champêtre, Monsieur Depierrefiche, reçoit l'ordre de parcourir les rues du village pour alerter les habitants. Avec l'aide de son tambour, il doit lire un ordre qui exige que tous les habitants, hommes et femmes sans exception, se rassemblent immédiatement sur la place du marché. Avant cela, ils doivent se munir de leurs papiers pour que les Allemands effectuent un contrôle d'identité. Pour aller plus vite, les hommes de la SS entrent dans les maisons d'Oradour. Ils ouvrent toutes les portes et, sous la menace des armes, forcent tout le monde, même les malades, à se rendre au point de rassemblement. Les troupes procèdent sans hésitation, méthodiquement, avec ordre, comme si elles étaient en manœuvre. Puis les écoliers arrivent à leur tour. Beaucoup de ces enfants habitent dans des bourgs voisins, et sont donc seuls sans leurs parents. Une survivante qui est parvenue à se cacher chez elle raconte :

"Je peux encore entendre le bruit des chaussures de ces pauvres enfants, tapant sur la route, éclipsé par le bruit sourd des bottes des bourreaux."

À 14h45, tout le monde est rassemblé. Les mères portent leurs bébés et des personnes âgées ont été traînées manu militari hors de leur lit. Même le boulanger a été interrompu dans son travail. Il se tient là, torse nu, recouvert de farine. Les villageois rassemblés sont encerclés par des soldats SS équipés de six mitrailleuses. À ce moment, ils sont convaincus qu’ils vont être soumis à une simple vérification d'identité. Ce qu'ils ignorent, c'est qu'au même moment, le docteur Paul Desourteaux, maire de la ville, est chargé par l'un des soldats de choisir 30 otages. Mais il refuse catégoriquement. De ce fait, il est emmené à la mairie pour une courte période avant de retourner au point de rassemblement. Pendant ce court laps de temps, il tente une négociation en proposant de se prendre lui et sa famille comme otages. Cependant, rien n'y fait et les SS refusent son offre.

L'heure de la séparation a sonné

Principaux lieux du massacre d'Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944

Il est 15h quand les SS commencent à séparer les hommes, des femmes et des enfants. Les hommes sont emmenés dans six endroits proches, les femmes et les enfants dans l'église du village. Pour justifier cela, un soldat allemand déclare :

"Des terroristes ont déposé ici des armes et des munitions dans des caches secrètes. Nous allons faire des recherches. Pendant ce temps, afin de faciliter nos opérations, nous vous placerons dans les granges. Si vous connaissez de tels dépôts, nous vous demandons de nous les révéler maintenant."

Évidemment, personne n'avoue quoi que ce soit pour la simple et bonne raison qu'il n'y a rien. Toute cette mise en scène n'est qu'un prétexte pour organiser le massacre à venir et le pillage en règle du village. Car pendant que les femmes attendent dans l'église et que les hommes sont assis en rang sur la place du marché, les SS commencent à piller la ville. Dans les différents groupes d'hommes et de femmes, certains rient. D'autres pensent au match de football du lendemain. Ce qu'ils ignorent, c'est que dans quelques minutes ils seront mitraillés, leurs corps entassés, avant d'être brûlés. Ceux qui vont survivre le feront en se cachant sous les cadavres de leurs voisins.

Les hommes dans six endroits différents

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À 15h30, un témoin affirme qu'un officier, grand et mince, est venu du côté de l'église pour parler au maire, M. Desourteaux. Ce témoin s'appelle Armand Senon, il est âgé de 29 ans, et il assiste à cette scène de chez lui, sur la place du marché. Il n'est pas au point de rassemblement car il s'est cassé la jambe en jouant au foot. Après une brève discussion, les hommes de la ville sont répartis dans six endroits. Il s'agit des granges Laudy, Milord et Bouchoule. Mais aussi du garage Desourteaux, du magasin de vins "Chez Denis" et de la forge de Beaulieu. Selon M. Roby, l'un des cinq survivants qui parvient à s'échapper de la grange Laudy, les soldats SS ont mis des mitraillettes à la main une fois qu'ils étaient assis dans la grange. Il raconte :

"Soudain, cinq minutes après notre entrée dans les granges, comme pour obéir à un signal ressemblant à une puissante explosion, que je jugeais venir de la place du marché, ils poussèrent un grand cri."

Plusieurs survivants ont déclaré avoir entendu une explosion ; tous sont convaincus que cette détonation était un signal ordonnant l'assassinat des hommes du village. La fusillade commence dans les endroits où sont réunis les hommes. Les premiers à tomber sous les balles, se retrouvent naturellement protégés par les corps de leurs voisins qui viennent les recouvrir. Une fois que tous les hommes sont tombés, le calvaire continue. En effet, les tortionnaires marchent sur les corps pour finir le travail à bout portant avec leurs revolvers. Les blessés qu'ils voient encore bouger sont méthodiquement achevé

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Les SS empilent ensuite de la paille, du foin, des fagots, du bois sur les corps, avant d'y mettre le feu. Ce n'est qu'à cet instant que les bourreaux quittent la grange. C'est aussi à ce moment que les quelques survivants réussissent à ramper sous les corps avant de s’échapper par un trou dans le mur. De là, cinq survivants se cachent dans une réserve adjacente avant qu'un soldat SS vienne aussi y mettre le feu. Quand le soldat SS s'en va, les cinq survivants réussissent à s'échapper par une sortie dans le magasin. À nouveau, ils arrivent à se cacher pendant trois heures interminables. Cependant, une fois encore, le feu atteint le bâtiment et les cinq rescapés trouvent un passage étroit entre deux murs pour s'échapper. Puis, ils se dirigent vers la place du marché. Il est environ 19 heures. Les SS sont apparemment partis, et les survivants en profitent pour se précipiter vers le cimetière pour trouver enfin refuge dans les champs environnants. Tous les hommes n'auront pas la même "chance", et les charniers découverts après le drame en seront les témoins éternels.

 

Les femmes et les enfants dans l'église d'Oradour-sur-Glane

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Le groupe emmené et enfermé dans l’église comprend toutes les femmes et tous les enfants du village. Une seule femme survit au carnage. Il s'agit de Marguerite Rouffanche. Son témoignage constitue tout ce qu'il est possible de savoir du drame. Elle a perdu dans la tuerie son mari, son fils, ses deux filles et son petit-fils âgé de sept mois.

"Je fus dirigée vers l’église, puis enfermée dans cette dernière qui en un instant, fut remplie de femmes et d’enfants. Avec les écoliers, des bambins de tous âges se trouvèrent avec leurs mamans qui avaient poussé dans le lieu saint les voitures d’enfant.

Pendant plus d’une heure, nous demeurâmes enfermées sans connaître le sort qui nous était réservé.

Ensuite, deux jeunes soldats âgés de 20 à 25 ans, pénétrèrent dans l’église et déposèrent en son centre une grande caisse entourée de ficelles ; ils y mirent le feu et aussitôt une épaisse fumée se répandit. Des femmes et des enfants commencèrent à tomber sur le sol, notamment dans la nef droite.

Pour éviter l’asphyxie, je me dirigeai vers la porte de la sacristie se trouvant à gauche du maître-autel, et une fois que celle-ci fut ébranlée, puis ouverte sous nos coups, j’entrai avec une trentaine de personnes dans la sacristie. Je m’assis sur les marches de l’escalier et ma fille, qui était également assise à mes côtés fut tuée par une balle provenant de l’extérieur et qui l’atteignit à la gorge. (Sur la façade de l’église, la fenêtre de la sacristie est entourée de points d’impact qui indiquent que des coups de feu ont été tirés de l’extérieur dans la sacristie.)

Je vis ensuite les Allemands jeter des chaises et des fagots sur les corps qui jonchaient le sol dans la nef droite, à proximité de la petite porte de sortie, et y mettre le feu. (C’est dans cette partie de l’église que s’étendait un grand charnier constitué par des cendres d’os, des lambeaux de chair calcinée, des ossements ; d’après les alliances, les bijoux et garnitures métalliques répandus en quantité importante dans le charnier, on peut estimer à quelques centaines le nombre des victimes qui trouvèrent la mort à cet endroit).

Quelques instants après, les Allemands se dirigèrent vers la sacristie et nous mitraillèrent à bout portant. (Dans cette salle, dont le plancher s’est effondré sous l’action du feu, une trentaine de cadavres calcinés furent extraits des décombres par les équipes de déblaiement).

Je fermai les yeux, je ne fis aucun mouvement afin de donner l’illusion de la mort et je ne fus pas atteinte par les balles. Dès que les soldats furent partis, je gagnai le chœur de l’église : là, avisant un escabeau situé derrière le maître-autel, je pus, grâce à lui, atteindre la fenêtre centrale de l’abside, dont le grillage était en partie enlevé et je me laissai tomber sur le sol d’une hauteur de trois mètres environ sans m’occasionner de blessure..." Mme Rouffanche, seule rescapée de l'église...

 

Oradour, une erreur cruelle ?

 

Diverses théories expliquent pourquoi le village d'Oradour-sur-Glane a été choisi au hasard par les SS. Une des raisons possibles est que la ville a été confondue avec un autre village situé à seulement 24 km. Celui-ci porte le nom d'Oradour-sur-Vayres, et beaucoup de ses habitants sont très actifs dans la Résistance.

Dans son livre intitulé "La justice à Nuremberg", l'auteur Robert E. Conot écrit ceci :

"Lorsqu'un commandant de bataillon populaire a été tué dans le village d'Oradour-sur-Vayres, près de Limoges, les soldats sont descendus par erreur sur Oradour-sur-Glane. Ne pouvant obtenir aucune information, ils ont mitraillé les 190 hommes de la communauté sur la place et ont brûlé 245 femmes et 207 enfants vivants dans l'église. Le récit d’un témoin oculaire a été présenté comme preuve : "En dehors de l’église, le sol était fraîchement creusé, les vêtements des enfants étaient entassés, à moitié brûlés. Là où se trouvaient les granges, des squelettes humains complètement calcinés, empilés les uns sur les autres, partiellement recouverts de matériaux, faisaient un horrible charnier en forme de pyramide."

Le témoignage ci-dessus est apporté par l'un des survivants au Tribunal militaire international de Nuremberg en 1946. Le "commandant du bataillon populaire" est le Sturmbannführer Helmut Kämpfe, un ami intime d'Adolf Diekmann, le véritable commanditaire du massacre. Une autre histoire raconte qu'un officier SS a laissé tomber son crayon au hasard sur une carte, et que la pointe a désigné Oradour-sur-Glane. D'autres disent que la ville voisine de Saint-Junien était la véritable cible. En effet, les combattants de la Résistance y ont fait sauter un pont la veille. En tentant de négocier avec les SS, le maire aurait indiqué qu'il y avait environ 1 800 partisans dans la ville. De ce fait, les SS se seraient donc reportés sur Oradour-sur-Glane. Ceci voudrait dire qu'Oradour-sur-Glane a été pris pour cible, non pas à cause de la présence de résistants sur place, mais bien parce qu'ils savaient pertinemment qu'il n'y en avait pas. Ainsi les SS pouvaient commettre leur crime odieux en toute impunité. D'ailleurs, un chef de la Résistance locale, le colonel Rousselier, déclara :

"Il n'y a eu aucun engagement d'aucune sorte dans la région d'Oradour-sur-Glane. Nous n'avions ni camp, ni cache d'armes ni explosifs à proximité du village."

Oradour et les autres

Oradour-sur-Glane n'est pas le seul village martyr. La division SS Das Reich perpétue régulièrement des massacres sur sa route. Cependant, ce n'est pas la seule division SS à commettre ces exactions. Avant et après Oradour-sur-Glane, il y a eu aussi :

  • Lidice en République Tchèque le 10 juin 1942,
  • Khatyn en Biélorussie en 1943,
  • Et en France :
    • Ascq le 1er et 2 avril 1944,
    • Izieu le 6 avril 1944,
    • Frayssinet-le-Gélat le 21 mai 1944,
    • Tulle le 9 juin 1944,
    • Janaillat le 9 juin avec le massacre de Combauvert,
    • Argenton-sur-Creuse le 9 juin 1944,
    • Marsoulas le 10 juin 1944,
    • Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944,
  • Et puis après Oradour-sur-Glane, il y aura aussi :

Malheureusement, cette liste n'est pas exhaustive.

La division de la fureur

Parcours de la 2e SS-Panzer-Division « Das Reich » dans le Sud de la France en mai et juin 1944.

La division Das Reich est basée dans le sud-ouest de la France. Lorsqu’Adolf Hitler comprend que le débarquement en Normandie est bien le principal lieu d'invasion alliée, il envoie la division Das Reich en renfort en Normandie. En route, ils doivent éliminer les poches de résistance qui, gonflées par les débarquements, deviennent de plus en plus audacieuses. Les troupes de Das Reich sont récemment arrivées en France depuis le front de l'Est. D'ailleurs, elles ont amené avec elles les méthodes utilisées sur le front de l'Est. En effet, déjà le 9 juin, ils pendent 99 résistants sur des façades d'immeubles dans le centre de Tulle. Des exactions similaires sont perpétrées dans des villes et des villages voisins.

 Puis, le 10 juin, 200 soldats SS encerclent Oradour. Personne ne sait vraiment pourquoi ce village sans prétention est choisi pour commettre le crime ultime. Une théorie prétend qu'il s'agit de représailles pour venger la mort d'un officier SS important. Plusieurs versions existent mais toutes restent controversées. Pourtant, l’explication la plus plausible est que Das Reich voulait faire un exemple pour terroriser la population. Donc, après Tulle le 9 juin, le village d'Oradour est le suivant sur la liste de l'horreur. En tout état de cause, la plupart des historiens s'accordent pour dire qu'il s'agit d'une action préméditée, donc d'un crime, plutôt que d'une folie furieuse au cœur de la bataille. Au total, les SS de la division Das Reich ont assassiné près de 4 000 personnes.

Oradour-sur-Glane, plus qu'un souvenir

Oradour est aujourd’hui comme figé à jamais dans le temps. Tous les stigmates du drame y sont partout présents. Le village fantôme garde pour toujours les secrets se cachant derrière ses façades en ruine, ses fenêtres aveugles et ses magasins éventrés. Dans les maisons, on aperçoit les lampes déformées par les flammes, des machines à coudre ou des casseroles. Les tuyaux et les fils y sont toujours suspendus. Même les restes de la voiture dans laquelle le maire du village a été transporté gisent sur la chaussée.

 Enfin, dans l'église, il y a une poussette, seule, anonyme. Partout, la vision des objets, dernières traces d'une vie ordinaire se confronte à l'horreur et la destruction. C'est en effet le 5 mars 1945 que le général De Gaulle, devenu président du conseil, visite les ruines du village martyr. Immédiatement, il prend la décision que les ruines d'Oradour devront rester en l'état. Il décide ainsi de garder visible éternellement les traces de la barbarie nazie. Si vous passez près d'Oradour-sur-Glane, n’hésitez pas à vous y arrêter. En effet, prendre le temps de visiter ces lieux est le meilleur moyen de garder encore vivant le souvenir de ses habitants.