Le débarquement de Provence : l'étau se resserre

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"Nancy a le torticolis", "le chasseur est affamé", "Gaby va se coucher dans l'herbe", "Le premier accroc coûte 200 francs". Messages diffusés sur la BBC pour annoncer le débarquement de Provence prévu le lendemain

En août 1944, le débarquement de Provence marque un tournant décisif dans la libération de la France durant la Seconde Guerre mondiale. Moins célèbre que l’opération Overlord en Normandie, cette manœuvre audacieuse permet aux Alliés de créer un second front dans le sud de la France, accélérant ainsi la chute des forces allemandes. En quelques jours seulement, des villes stratégiques comme Toulon et Marseille tombent aux mains des troupes alliées, ouvrant la voie à la libération totale du territoire français.

 


L'HISTOIRE EN BREF

Un débarquement stratégique pour ouvrir un deuxième front

Opération Dragoon, 13 septembre 1944. Document de la marine américaine montrant la zone du débarquement de Provence. 

Le débarquement de Provence, connu sous le nom de code Opération Dragoon, a lieu le 15 août 1944, trois mois après l'Opération Overlord en Normandie. Cette opération est décidée lors de la Conférence de Téhéran, où les Alliés, sous l’impulsion de Joseph Staline, choisissent de créer un second front pour prendre en tenaille les forces allemandes. Malgré l'opposition de Winston Churchill, qui préconisait une attaque par les Balkans, l'opération est maintenue grâce au soutien des Américains et à l'insistance du général Charles de Gaulle.

Le débarquement vise à libérer le sud de la France, en commençant par les villes stratégiques de Toulon et Marseille. Les troupes alliées, composées notamment de la 7e armée américaine du général Alexander Patch et de la 1re armée française dirigée par le général Jean de Lattre de Tassigny, doivent établir une tête de pont entre Cannes et Cavalaire. Leur mission : progresser rapidement vers le nord pour rejoindre les forces alliées en Normandie.

Le débarquement de Provence : une opération militaire audacieuse

Des LCVP de l'US Navy sur une plage de la Baie de Cavalaire, le 15 août 1944.

Dès les premières heures du 15 août 1944, les forces alliées bombardent les positions allemandes le long de la côte méditerranéenne. La Task Force 88, composée de navires et d’avions, assure la couverture du débarquement. Pendant ce temps, des commandos américains et français neutralisent les batteries d’artillerie sur les îles de Port-Cros et du Levant, garantissant la sécurité des troupes au sol. Malgré des défenses allemandes robustes, notamment le fameux Mur de la Méditerranée, les Alliés parviennent à établir plusieurs têtes de pont sur les plages.

La coordination entre les forces terrestres, navales et aériennes est essentielle. Grâce à des tactiques précises, les Alliés prennent rapidement l’avantage. En seulement trois jours, ils capturent des milliers de soldats allemands et repoussent les troupes de la XIXe armée allemande, déjà affaiblie par les combats en Normandie. Les troupes allemandes, en retraite désorganisée, ne parviennent pas à résister à la progression alliée vers le nord.

Un lourd bilan humain pour libérer le sud de la france

Le porte-avions d'escorte de l'US Navy USS Kasaan Bay vu à travers les pavillons de signalisation de l'USS Tulagi, le 15 août 1944 au large du sud de la France.

Les forces alliées, aidées par la résistance française, libèrent rapidement les villes stratégiques de Toulon et Marseille. Sous le commandement de Jean de Lattre de Tassigny, les soldats français, composés pour beaucoup de troupes venues des colonies d’Afrique du Nord, mènent des assauts audacieux pour reprendre le contrôle des ports vitaux du sud de la France. Les forces navales alliées jouent également un rôle clé en soutenant les attaques terrestres avec une puissance de feu décisive.

En moins de deux semaines, toute la région de Provence est libérée. La victoire rapide des Alliés dans le sud accélère la libération du territoire français et permet de repousser les troupes allemandes jusqu’au nord. Cependant, cette victoire a un prix élevé : entre le 15 et le 29 août, les Alliés perdent 933 soldats, tandis que 3 732 autres sont blessés. Du côté allemand, environ 35 000 soldats sont faits prisonniers. Les cimetières militaires de la région, tels que la nécropole nationale de Boulouris ou le cimetière américain de Draguignan, témoignent des sacrifices humains consentis pour libérer la France.


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