La côte 112 : le Verdun de la bataille de Normandie

Hill 112 Memorial Vieux Calvados

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Au cœur de la Normandie, la côte 112 fut l’un des champs de bataille les plus sanglants de l’été 1944. Véritable « Verdun de la Normandie », cette colline stratégique symbolise les sacrifices des soldats alliés pour libérer Caen et ses environs des forces allemandes.


L'HISTOIRE EN BREF

La côte 112, la clé de la Normandie


Un camion de munitions de la 11e division blindée explose après avoir été touché par des tirs de mortier.

La côte 112, située à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Caen, domine les vallées de l’Orne et de l’Odon, deux axes stratégiques pour contrôler la région. Cette position surélevée, bien que modeste avec ses 112 mètres d’altitude, offrait une vue imprenable sur le terrain environnant, en faisant une pièce maîtresse des opérations alliées en Normandie.

Pour les Allemands, la côte 112 était une ligne de défense essentielle dans la protection de Caen. Erwin Rommel, commandant des forces allemandes en Normandie, avait désigné cette colline comme "la clé de la Normandie". Sa perte aurait permis aux Alliés de sécuriser leurs avancées et d’empêcher les contre-attaques allemandes. Mais l’ennemi ne comptait pas céder ce terrain sans livrer un combat féroce.

Une lutte acharnée pour chaque mètre de terrain


Soldats du 1st Welsh Guards en action pendant l'opération Goodwood

Les premiers affrontements pour la côte 112 débutèrent avec l’Opération Epsom du 26 au 30 juin 1944. Cette offensive britannique, menée par la 15th (Scottish) Infantry Division et soutenue par l’11th Armoured Division, visait à briser les lignes allemandes et à capturer cette hauteur stratégique. Sous un intense feu d’artillerie, les troupes alliées avancèrent courageusement à travers des champs ouverts, subissant de lourdes pertes sous les tirs croisés des mitrailleuses allemandes. Bien que les Britanniques atteignent brièvement le sommet de la colline, une contre-attaque violente orchestrée par la 9e SS-Panzer-Division « Hohenstaufen » et les Jeunesses hitlériennes repoussa les Alliés, marquant un échec coûteux et meurtrier.

Deux semaines plus tard, l’Opération Jupiter fut déclenchée pour reprendre la colline. Soutenue par un intense bombardement préparatoire, la 43rd (Wessex) Infantry Division avança sur les villages d’Éterville et de Maltot, rencontrant une résistance acharnée à chaque mètre gagné. Les combats furent particulièrement brutaux dans les champs de blé, où les soldats britanniques, exposés aux tirs des chars et de l’artillerie ennemie, tombèrent par dizaines. Les récits de vétérans décrivent des scènes de chaos, où chaque avancée semblait s’arracher au prix de vies humaines. Malgré leurs efforts héroïques, une contre-attaque massive menée par la 10e SS-Panzer-Division « Frundsberg » força les Britanniques à abandonner la colline une nouvelle fois, laissant derrière eux des centaines de soldats morts ou blessés.

L'Allemagne n'a plus la côte


Pris en tenaille suite au lancement de l'opération Cobra, les allemands se retirent de leurs positions.

Malgré les lourdes pertes des Opérations Epsom et Jupiter, les Alliés n’avaient toujours pas réussi à sécuriser la côte 112 au milieu de juillet 1944. Les Allemands, conscients de l’importance stratégique de cette position, continuèrent de défendre la colline avec acharnement, rendant chaque tentative d’assaut extrêmement coûteuse. Cependant, la situation évolua fin juillet avec le lancement de l’Opération Cobra, une percée américaine à l’ouest qui força les forces allemandes à repositionner leurs unités pour éviter un encerclement.

Sous la pression croissante des avancées alliées sur plusieurs fronts, notamment l’intensification des bombardements et des attaques sur Caen, les Allemands abandonnèrent finalement la côte 112 le 4 août 1944. Ce retrait n’était pas une victoire obtenue par un assaut direct, mais plutôt une conséquence de la stratégie alliée visant à couper les lignes de ravitaillement allemandes et à exploiter leurs faiblesses tactiques. Lorsque les Britanniques prirent enfin position sur la colline, ils découvrirent un terrain marqué par les semaines de combats acharnés, jonché de carcasses de véhicules, de tranchées effondrées, et des restes tragiques d’un affrontement parmi les plus sanglants de Normandie.

La mémoire de la Côte 112 toujours vivante


Char britannique dans la commune de Maltot

Ce n’est qu’après le retrait allemand le 4 août 1944 que les Alliés purent occuper définitivement la côte 112. Bien que stratégiquement importante, cette victoire tardive s’accompagna de lourdes pertes : près de 7 000 morts, blessés ou disparus du côté allié, avec un bilan similaire pour les Allemands.

Aujourd’hui, la côte 112 est un lieu de mémoire. Un mémorial, comprenant un char Churchill et des plaques commémoratives, honore les soldats tombés lors de ces batailles. Les récits de la côte 112 rappellent l’héroïsme des soldats alliés face à une défense allemande acharnée. L’histoire de ce terrain, faite de sanglantes batailles et d’innombrables sacrifices, est un rappel poignant du prix de la liberté.


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