Le naufrage de la Bourgogne : nuit tragique dans l'Atlantique nord

G44H+76 2 Rue Eugène Landoas

Voir le trajet

Le 4 juillet 1898, dans un épais brouillard au large de la Nouvelle-Écosse, le paquebot transatlantique La Bourgogne sombre après une collision avec le voilier Cromartyshire. Cette catastrophe, l’une des plus meurtrières en temps de paix, emporta plus de 500 vies et laissa une empreinte indélébile dans l’histoire maritime. 

 


L'HISTOIRE EN BREF

La Bourgogne, fleuron des mers 

Embed from Getty Images

Dans les années 1880, la France se lançait dans une véritable course maritime pour rivaliser avec les grandes puissances industrielles. La Bourgogne, construite en 1885 par les Forges et Chantiers de la Méditerranée à La Seyne-sur-Mer, incarnait cette ambition. Deuxième d’une série de quatre navires jumeaux, elle mesurait 150 mètres de long et pouvait accueillir 500 passagers ainsi que 200 membres d’équipage. Dotée d’une machine à vapeur triple expansion de 9 000 chevaux actionnant une hélice unique, elle atteignait une vitesse de 17,5 nœuds, un exploit à l’époque. Ce navire reliait Le Havre à New York, transportant à la fois des élites en quête de confort et des émigrants espérant un avenir meilleur. 

En 1897, un chantier de modernisation lui permit de recevoir de nouvelles chaudières et une machine à quadruple expansion, rehaussant ses cheminées et supprimant deux de ses mâts. Pourtant, malgré ces innovations, La Bourgogne restait vulnérable. À cette époque, les normes de sécurité étaient encore rudimentaires : le navire ne disposait que de six canots de sauvetage, insuffisants pour ses centaines de passagers. Les conditions météorologiques imprévisibles de l’Atlantique Nord, notamment les brouillards fréquents, rendaient chaque traversée hasardeuse. Derrière son apparence imposante, le paquebot incarnait à la fois l’audace industrielle et les limites de son époque, une dualité tragiquement mise en lumière en juillet 1898. 

Panique à bord 


La proue accidentée du Cromartyshire à quai dans le port d'Halifax  

Le 4 juillet 1898, dans l’épais brouillard de l’Atlantique Nord, le paquebot La Bourgogne croise la route du Cromartyshire, un voilier à trois mâts. À 5 heures du matin, la collision est inévitable. L’étrave en acier du voilier transperce le flanc tribord du paquebot, détruisant plusieurs canots de sauvetage et ouvrant une brèche béante au niveau de la cale numéro 2 et de la salle des chaudières. Alors que l’eau s’engouffre rapidement, le navire perd sa flottabilité. Le capitaine Antoine Deloncle, tentant de sauver ses passagers, ordonne une manœuvre pour échouer le paquebot sur l’Île de Sable, située à 70 miles nautiques. Mais la situation dégénère : en moins d’une heure, La Bourgogne commence à sombrer. À bord, le choc initial laisse place à une confusion tragique. Les passagers des cabines de première classe, situées près du point d’impact, sont submergés en quelques instants, piégés par l’eau qui envahit les couloirs. Les femmes et les enfants, souvent placés en priorité dans les opérations de secours, montent dans un canot ; mais celui-ci chavire sous leur poids, scellant leur sort. Sur le pont, les passagers d’entrepont et les membres d’équipage tentent de rejoindre les rares canots encore utilisables. 

Dans ce chaos, le capitaine Antoine Deloncle se distingue par son sang-froid exceptionnel. Tandis que les couloirs se remplissent d’eau et que la panique gagne certains passagers, il parvient à garder son calme. Du haut de la passerelle, il coordonne inlassablement les efforts de sauvetage, refusant jusqu’au bout d’abandonner son navire. Des témoins rapportent l’avoir vu, droit et digne, organiser les évacuations avant de disparaître avec La Bourgogne. Selon les sources, entre 165 et 184 survivants parviennent à être secourus par le Cromartyshire, avant d’être transférés sur le SS Grecian. Tandis que La Bourgogne disparaît dans les abysses de l’Atlantique, engloutissant 567 vies, les récits déchirants des survivants commencent à révéler l’ampleur de la tragédie.  

Une tragédie gravée dans la mémoire collective 

 Partition musicale du "Naufrage de la Bourgogne" joué à l'occasion du 14 juillet 1898

Le naufrage de La Bourgogne fut l’un des pires désastres maritimes en temps de paix pour la Compagnie Générale Transatlantique. Ce drame bouleversa profondément les esprits, tant par son ampleur que par les récits poignants des survivants. La nouvelle provoqua un choc profond dans les cercles maritimes et au sein de la société française. Des monuments commémoratifs, tels que celui du cimetière Sainte-Marie du Havre, furent érigés pour honorer les victimes et rappeler l’ampleur de la catastrophe. 

Malgré les accusations portées contre l’équipage dans les jours suivant la tragédie, les témoignages des survivants mirent en lumière le courage et le dévouement des marins, ainsi que l’héroïsme du capitaine Deloncle, resté à son poste jusqu’à la fin. Le naufrage de La Bourgogne, bien qu’éclipsé par des drames maritimes ultérieurs comme celui du Titanic ou du Lusitania, s’inscrit dans une longue histoire, où la mer a de tout temps été le théâtre de grandes tragédies humaines.  


Note aux lecteurs

Les livres que nous vous proposons à travers l'article sont vendus en affiliation avec nos partenaires commerciaux. Ce sont les commissions que nous touchons sur chaque vente, qui permettent de financer Ystory dans la construction de cette mémoire collective multimédia.


POUR SE REPÉRER

 


APPEL À CONTRIBUTION

Ce sujet mérite sûrement un article complet !

Vous connaissez son histoire par cœur ?

Alors venez nous la raconter en détail ! Nous vous invitons à rejoindre notre communauté de passionnés, en venant partager vos connaissances sur Ystory. En participant à ce projet, vous contribuerez non seulement à faire vivre l'histoire des sujets qui vous passionnent, mais aussi à enrichir la base de données de notre mémoire collective !