Les origines de l'aéroport Charles de Gaulle

FR Mauregard Seine-et-Marne

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C’est le 8 mars 1974, après huit années de construction, que l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle ouvre enfin ses portes. La veille, les journalistes ont eu un aperçu exclusif de l'aéroport et ont même assisté à l'atterrissage impressionnant du Concorde, émergeant majestueusement de la brume. Quelques jours plus tard, le 13 mars, l'aéroport accueille son premier vol : un Boeing 747 de TWA en provenance de New York. Un départ mémorable aussi, avec un vol Air France vers Nice, curieusement avec un seul passager à bord.

 

L’aéroport Charles de Gaulle, du pour et du contre

Le jour de l’inauguration, à cause de l’état de santé du président Georges Pompidou, c’est Pierre Messmer, son Premier ministre qui vient célébrer l’événement. À l’aéroport, l’atmosphère est électrique, à cause notamment d’une foule de 13 000 personnes, infiltrée par de nombreux opposants au projet, qui se sont déplacées pour ce jour historique. Les services de sécurités ont beau monter la garde, un manifestant parvient tout de même à lancer une bombe fumigène, qui va venir exploser tout près du Premier ministre. Pendant que certains courent se mettre à l’abri, Pierre Mesmer fait preuve d’un grand sang-froid et continue sa visite calmement.

 

Pour expliquer cette opposition au nouvel aéroport, il faut savoir qu’à l'origine, l'emplacement retenu pour le construire est une vaste étendue agricole de 3000 hectares. Cette caractéristique a été déterminante dans le choix du site, puisqu’elle signifiait pour les promoteurs du projet qu’il y avait très peu de constructions à démolir, à part quelques fermes. Mais comme souvent dans ce type de chantier pharaonique, ce projet fait naître de nombreux mécontentements. D’un côté ceux qui voient dans l’arrivée de cet aéroport, une formidable opportunité économique pour le développement du territoire, de l’autre des habitants qui comprennent vite les nuisances inhérentes à l’arrivée de ce nouveau voisin.

 

Une vision d'avenir

Construire le terminal de Roissy, au nord de Paris, a été un projet colossal. Il a fallu dix longues années et un investissement massif de plus de 1,6 milliard de francs pour que cette vision ambitieuse voit le jour. À seulement 30 kilomètres de la capitale, Roissy a été choisi en 1964 comme le lieu idéal pour cette grande entreprise. Son rôle était double : ouvrir la région nord de la France et alléger le trafic aérien de l’aéroport d’Orly, qui, inauguré seulement trois ans auparavant, avait déjà atteint sa capacité maximale. Inscrit dans le grand plan de développement de la région parisienne, ce projet est aussi une réponse à l'augmentation exponentielle du trafic aérien prévu dans les décennies à venir.

 Il permet aussi de remplacer l'aéroport du Bourget, le plus vieux de France, qui depuis 1977 s'est recentré sur l'aviation d'affaires. La place est désormais libre pour que Roissy devienne le nouveau hub aérien majeur de la région. L'équipe des Aéroports de Paris se penche sur la question de son nom. Le projet baptisé pendant un temps « Paris-Nord », avant de s’appeler « Roissy-en-France », avant qu’il ne soit baptisé « Charles-de-Gaulle », afin de rendre hommage à celui qui a donné son aval au projet et qui, malheureusement, est décédé quatre ans avant de voir son aboutissement.

 

Un aéroport futuriste

La première aérogare de Roissy-Charles de Gaulle, une création de l'architecte Paul Andreu, est une œuvre architecturale unique. Construite entre 1967 et 1974, elle présente une forme originale de pieuvre, lui valant même le surnom affectueux de « le camembert ». Au cœur de cette structure, on trouve un élément central circulaire dédié à l'accueil des voyageurs, entouré de sept satellites où les avions se garent et où se situent les salles d'embarquement. Un huitième emplacement est réservé aux accès routiers et à la station de la navette ferroviaire.

Dès ses débuts, l'aéroport Charles de Gaulle se démarque. D’abord grâce à son architecture futuriste, mais aussi parce qu’il introduit des innovations qui, à l'époque, étaient révolutionnaires. L'une des plus remarquables était son système de chariots à bagages. Ces chariots, tractés automatiquement, transportaient les bagages des avions directement jusqu'aux tapis roulants de livraison. Cette tentative audacieuse pour fluidifier le processus de manutention des bagages, due être vite abandonnée en raison de sa lenteur.

Un concept à revoir

Cette conception circulaire, pensée pour faciliter les correspondances, notamment avec le Concorde, devait initialement être reproduite pour d'autres aérogares. Toutefois, l'expérience des premières années a révélé plusieurs inconvénients liés à cette architecture. Par exemple, l'absence d'un grand hall compliquait la gestion des vols en correspondance. De plus, contrairement à l'aéroport d'Orly, les passagers ne pouvaient pas profiter d'une vue sur les pistes et les avions depuis l'aérogare principale. La disposition en satellites entraînait également de longs trajets à pied pour les passagers, aussi bien pour embarquer que pour récupérer leurs bagages.

La forme même de l'aérogare ne permettait ni agrandissements ni modifications, ce qui a rapidement limité sa capacité. Face à ces défis, les aérogares suivantes ont été conçues selon un modèle plus traditionnel, ouvrant la voie à une nouvelle génération de bâtiments aéroportuaires.

CDG, un développement perpétuel

L'histoire de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle est celle d’une croissance continue. Pour répondre à cette croissance, plusieurs autres terminaux ont été construits, chacun représentant une nouvelle étape dans l'évolution de Roissy. L'intérêt national de ce développement est tel, qu’en 1982, c’est François Mitterrand en personne qui viendra inaugurer la deuxième aérogare. C'est ainsi que les terminaux A, B, C, D, E et F sont nés. En 1998, une nouvelle piste est ajoutée, et plusieurs terminaux sont construits dans les décennies suivantes.

Depuis lors, Roissy-Charles-de-Gaulle n'a cessé de grandir. Dans les années 1990, il devient le plus fréquenté des aéroports parisiens. En 2013, il se classe 8e au monde, avec 62 millions de voyageurs, reliant plus de 500 villes dans le monde. L'aéroport est devenu un carrefour mondial, avec près de la moitié de ses vols qui desservent des destinations internationales. Une véritable métamorphose d'un projet ambitieux en un hub global. En 1998, une nouvelle piste est ajoutée, et plusieurs terminaux sont construits au cours des années 80 et 90, puis en 2003. Aujourd'hui, l'aéroport s'étend sur plus de 3 200 hectares.

Un pilier de l’économie française

Plus qu'un simple aéroport, Roissy devient un lieu de culture et de commerce. En 2013, un espace dédié aux musées est inauguré dans le terminal 2E, permettant d'exposer des œuvres d'art prestigieuses. À côté, Aéroville, un centre commercial gigantesque avec 200 boutiques, des restaurants, un hypermarché et des cinémas, offre une expérience de shopping unique. Roissy n'est plus seulement un point de départ ou d'arrivée, mais une destination à part entière.

Au fil du temps Roissy-Charles de Gaulle est devenu un enjeu économique crucial et incarne la puissance et le rayonnement international de la France. Chaque jour, il voit défiler des millions de voyageurs, et abrite des centaines d'entreprises au sein de son parc d'activités. Cette effervescence crée des milliers d'emplois et joue un rôle capital dans l'économie française. 50 ans après son inauguration, Roissy-Charles qui entre temps est devenu le premier aéroport français est bien plus qu'un simple point de transit. C’est à la fois un pilier de l'économie nationale et un symbole fort de la France dans le monde entier. Une place enviable, qui oblige ses dirigeants, à sans cesse réinventer le futur, afin de poursuivre le projet initial du général de Gaulle.