Abbaye de Jumièges, les plus belles ruines de France

24 Rue Guillaume le Conquérant Jumièges

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" Muette en sa douleur, Jumièges gravement Étouffe un triste écho sous son portail normand, Et laisse chanter sur ses tombes Tous ses nids dans ses tours abrités et couvés, D'où le souffle du soir fait sur les noirs pavés Neiger des plumes de colombes ! " Victor Hugo dans "Les voix intérieures" en 1837

À Jumiège depuis le XIXème siècle, les vestiges de l'ancienne abbaye bénédictine sont souvent qualifiés de "plus belles ruines de France". Cette abbaye construite du vivant de Guillaume le Conquérant est parvenue à traverser plus de neuf siècles d'histoire.

 

Une histoire qui débute mal ! Suite aux premières invasions vikings, l'abbaye sera  grande partie détruite et abandonnée à son triste sort. Si triste qu'elle deviendra même une carrière de pierres, d'où l'on extrait des restes de l'église et de ses dépendances. Par chance, et surtout grâce à la volonté d'un homme, une partie de la battisse existe encore. C'est le cas notamment de la façade ouest avec ses tours jumelles, de la nef, de petites parties du transept, de la tour à lanterne et du chœur. Les vestiges de l'abbaye de Jumièges comptent parmi les plus belles ruines de France, et c'est une bonne idée d'excursion pour une journée en Normandie.

L'Abbaye de Jumièges, les origines

L'Abbaye Bénédictine de Jumièges voit est fondée par Saint Philibert en 654, sur les terres de la couronne. Tout au long de son histoire, l'abbaye a souvent bénéficié d'un soutien royal. D'ailleurs les abbés sont souvent proches des familles dirigeantes. Par exemple Charlemagne décide d’y exiler le duc de Bavière Tassilon III après la défaite des Francs contre les Bavarois.

L'attaque viking

Attaque de Viking dans un codex illuminé daté de 1100 de l'abbaye de Saint-Aubin

L'abbaye de Jumièges jouit d’un bel emplacement en bord de Seine. Elle est construite dans l’une des nombreuses boucles du fleuve qui serpente entre Rouen et la mer. Cependant cet endroit paisible et charmant n'est pas dénué de tout danger puisqu'il reste très visible de la Seine. De ce fait les vikings pillent et détruisent le monastère carolingien en 841. Petit à petit les Vikings s'installent en Normandie jusqu’au Xème siècle. Désormais ils peuvent compter sur le soutien des ducs de Normandie.

La renaissance

Planche gravée du 17ème siècle représentant l'abbaye Saint-Pierre de Jumièges, dans le livre Monasticon Gallicanum.

L'abbaye renaît de ses cendres et peut reprendre ses activités. D'ailleurs on y fait construire et une grande église romane en 1067. L'édifice est même consacré en présence de Guillaume, duc de Normandie. Dans l'histoire l'homme est plus connu sous le nom de Guillaume le Conquérant. Un nouveau chœur gothique est reconstruit entre 1267 et 1270. En même temps, le transept subit une métamorphose, elle aussi gothique. De ce fait des arcs en pointe plus en vogue viennent se superposer à ceux d'origine romanes. Ainsi l'abbaye de Jumièges devient l'un des plus grands monastères de France. Au Moyen Âge, le monastère se fabrique une renommée internationale à cause des livres écrit dans son scriptorium. Cette période de prospérité et de paix va durer ainsi jusqu'aux guerres de religion du XVIème siècle.

Grandeur et décadence

Abbaye de Jumièges en 1702.

Alors que les guerres de religions font rage dans le royaume, l'abbaye est prise pour cible par les Les huguenots. Leur attaque sur l'abbaye est tellement destructrice que Jumièges ne parviendra jamais à retrouver sa gloire passée. Enfin c'est la révolution française qui mettra un terme définitif aux activités de l'abbaye. En 1793, le domaine est vendu à un marchand de bois qui fait démolir les principaux vestiges. C'est le cas notamment de la tour centrale et du chœur. Le marchand décide de faire commerce des décombres comme pour une carrière de pierre.

Les ruines aujourd'hui

Tout le site de l'abbaye de Jumièges est acheté par la famille Lepel-Cointet en 1852. Cette famille va tout faire pour tenter de préserver les structures restantes. Les différentes générations de Lepel Cointet vont réussir ce pari un peu fou. Mais celui exige des moyens très importants, et la famille n'a d'autre choix que de vendre le site à l'État juste après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui les vestiges de l'abbaye montrent encore le passé glorieux de l'édifice qui perdura pendant des siècles. L'église romane Notre-Dame devait être immense. On s'en rend compte en voyant la hauteur de ses murs, qui ont été épargnés de la destruction après la Révolution française. Il en est de même pour une grande partie de la façade ouest où le porche et les deux tours de 46 m ont survécu. Leur flèche n'a été perdu qu’en 1830. Par contre une tourelle est toujours présente sur ce qu'il reste de la tour de la lanterne. Au sud de l'église principale se trouvent les vestiges de l'église St Pierre. La plupart de ses ruines gothiques datent du XIIIe et XIVe siècles. D'ailleurs ce sont les seuls vestiges restants du monastère carolingien détruit par les Vikings.  Les visiteurs peuvent également explorer les grands jardins de 15 ha, clos par un mur d'enceinte de 2,5 km de long. Et puis au sud-est de l’église se trouve un jardin à la française qui offre une vue magnifique sur les ruines de l'abbaye.

L'abbaye version XXIème siècle

Aujourd'hui les visiteurs de l'abbaye ont la possibilité de louer une tablette. Dedans des modèles 3D de quatre sites montrent en se superposant aux ruines, à quoi les bâtiments ressembler. Une application est également disponible gratuitement. Ainsi la visite devient un jeu mêlant virtuel et réalité. De quoi prédire à ce lieu magnifique, un très long et bel avenir.