L’escalier roulant de Montmorency : un trésor mécanique à l'abandon

32 Rue de Montmorency Le Havre

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Inauguré en 1928, l’escalier roulant de Montmorency reliait la ville basse à la ville haute du Havre, révolutionnant la mobilité urbaine. Chef-d’œuvre de l’ingénierie, il est aujourd’hui un trésor industriel en péril, témoin d’une époque d’innovations techniques.

 


L'HISTOIRE EN BREF

Une innovation révolutionnaire pour les habitants du Havre


L'entrée basse de l'escalier mécanique du Havre en 1928

Dans les années 1920, le Havre connaît une effervescence industrielle et urbaine. Les ouvriers habitant les hauteurs de la ville peinent à rejoindre les usines et ateliers situés en contrebas. Montée à pied par des chemins escarpés ou les fameux "300 marches", la côte représente un obstacle quotidien pour des milliers de Havrais. Les habitants réclament une solution. En 1922, un projet audacieux émerge : construire un escalier mécanique, une innovation technique inédite en Europe.

Porté par l’ingénieur Édouard Hocquart et la Société Havraise de Transports en Commun (SHTC), l’escalier roulant de Montmorency devient rapidement un symbole de modernité. Avec ses 178 mètres de longueur, ses 356 marches, et un dénivelé de près de 50 mètres, il défie les normes de l’époque. Conçu pour transporter non seulement des passagers, mais aussi des landaus et des vélos, cet escalier est une prouesse d’ingénierie et de praticité.

Un monument unique chef d’œuvre de l’histoire


Bas de l'escalier mécanique du Havre

Le 27 mai 1928, l’escalier roulant est inauguré en grande pompe. Pour l’occasion, l’homme politique Édouard Herriot le qualifie de "chef-d’œuvre de l’histoire", renforçant sa place dans le patrimoine industriel. Ce monument unique attire l’attention, non seulement des Havrais, mais aussi de délégations internationales curieuses de découvrir ce prodige technologique.

Chaque jour, l’escalier transporte des milliers de passagers entre la ville basse et la ville haute. Son mécanisme, protégé par une galerie couverte de 126 mètres, est alimenté par deux puissants moteurs. Capable de transporter 6 000 personnes par jour, il devient vite indispensable. Mais, à mesure que les années passent, la modernité qu’il incarne se heurte à la montée en puissance des voitures individuelles et des nouvelles infrastructures, comme le tunnel Jenner, inauguré en 1956.

La lente disparition de L’escalier roulant de Montmorency


L’entrée haute de l’escalier mécanique du Havre, aujourd’hui à l’abandon, dans la rue Salvador-Allende 

(Photo Anthony Levrot, CC BY-SA 4.0, Lien)

En 1984, une panne majeure met un terme définitif à l’exploitation de l’escalier roulant. Les réparations, jugées trop coûteuses, et une fréquentation en forte baisse rendent son maintien impossible. Classé monument historique la même année, l’escalier devient un trésor endormi, conservé mais laissé à l’abandon. Aujourd’hui, ses structures métalliques oxydées et ses marches en bois abîmées rappellent une époque révolue.

Malgré son état, l’escalier roulant reste gravé dans la mémoire collective des Havrais. Des initiatives artistiques et des projets de réhabilitation, portés par des passionnés comme l’ASPH (Association de Sauvegarde du Patrimoine Havrais), tentent de redonner vie à ce patrimoine unique. Lors des Journées du Patrimoine, la simple ouverture des grilles attire encore des visiteurs, témoignant de l’attachement profond des habitants à cette œuvre technique. Mais la réhabilitation complète, estimée à plusieurs millions d’euros, reste un défi monumental.


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