Louis Mandrin, le contrebandier qui fait la guerre aux impôts
Pl. des Clercs Valence Drôme
Louis Mandrin, contrebandier audacieux et symbole de la révolte contre l'injustice fiscale, a marqué l'histoire de France au XVIIIe siècle. Son exécution spectaculaire sur la place des Clercs à à Valence en 1755, loin de mettre fin à sa renommée, a renforcé sa légende et en a fait un héros populaire.
L'HISTOIRE EN BREF
Louis mandrin, l’homme en lutte contre l'oppression fiscale
Louis Mandrin (1725-1755)
En 1725, Louis Mandrin voit le jour dans une famille de commerçants déchus à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, dans le Dauphiné. Dès l'adolescence, il doit subvenir aux besoins de sa famille, marquant le début d'une vie teintée de défi et de résilience. À cette époque, la Ferme générale, institution privée corrompue chargée de la collecte des impôts, écrase le peuple sous des taxes exorbitantes, alimentant la colère du tiers état. Les collecteurs, surnommés « les pillards généraux », symbolisent l'oppression et l'injustice que Mandrin ne tardera pas à combattre.
Animé par un profond sentiment d'indignation, il se tourne vers la contrebande, où il devient rapidement un leader incontesté. Proclamé « capitaine général des contrebandiers de France », il mène des actions spectaculaires contre la Ferme générale. Ses coups de main, plus proches d'opérations militaires que de simples actes de banditisme, renforcent son image de justicier audacieux et gagnent le soutien populaire. Pour beaucoup, Mandrin incarne l'espoir d'une justice parallèle dans un système étouffant.
Des campagnes audacieuses, une capture spectaculaire
Le contrebandier Louis Mandrin braquant un percepteur d'impôts.
L'une des actions les plus emblématiques de Mandrin est son incursion dans la ville de Rodez. À la tête de ses hommes, il prend possession de la cité en défiant ouvertement l'autorité, orchestrant la saisie des points stratégiques en quelques instants. Il convoque alors les percepteurs de la Ferme générale et impose la vente de tabac de contrebande, légitimée par la rédaction d'un reçu officiel validé par un juge et un huissier. Ce geste, à la fois provocateur et calculé, montre son désir de défier la loi tout en affirmant sa propre justice. Cet exploit, parmi d'autres, consolide sa réputation de héros du peuple, capable de tourner les rouages du pouvoir à son avantage.
La tolérance de Louis XV atteint ses limites. En mai 1755, une opération audacieuse est menée par Alexis Magallon de la Morlière, un officier français, pour capturer Mandrin. Sous la couverture de la nuit, 500 soldats au visage noirci attaquent le château de Rochefort-en-Novalaise, bastion de Mandrin en Savoie. Pris par surprise, Mandrin et ses hommes tentent de résister, mais la supériorité numérique des troupes les submerge. Mandrin est capturé, un coup dur qui provoque la colère du roi Charles-Emmanuel III de Savoie, protecteur tacite de Mandrin, et aggrave les tensions entre la France et la Sardaigne. Cette capture marque un tournant, scellant le destin de Mandrin tout en inscrivant son nom dans l'histoire.
L’exécution de Mandrin à Valence
Gravure de Louis Mandrin en prison et de son supplice sur la roue.
Le 26 mai 1755, Mandrin est conduit sur la place des Clercs à Valence pour être exécuté. Face à une foule rassemblée jusque sur les toits, il avance, vêtu d'une simple chemise et une corde autour du cou, le regard fier. Devant la cathédrale, il s'agenouille pour demander pardon à Dieu, au roi et à la justice, sans fléchir. Le supplice de la roue, réservé aux crimes de lèse-majesté, commence. Par un rare geste de clémence, l'évêque de Valence demande qu'il soit étranglé après huit minutes de souffrance pour abréger ses douleurs.
La mort de Mandrin ne passe pas inaperçue. Son corps, exposé pendant trois jours, attire des foules qui voient en lui un martyr de la justice. Des poèmes et des épitaphes fleurissent en son honneur, célébrant sa lutte contre les puissants. Jean-Baptiste Violier, curé de l'époque, témoigne de l'impact de Mandrin sur le peuple et de la révolte qu'il incarne. Voltaire, figure des Lumières, critique la sévérité du tribunal de Valence, qu'il qualifie de « fléau de l'humanité », soulignant l'injustice de son procès. La Complainte de Mandrin, une chanson populaire, immortalise ses exploits et contribue à sa légende, faisant de lui un symbole intemporel de la lutte contre l'oppression.
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