L’attentat du Petit-Clamart : la nuit où de Gaulle a frôlé la mort
491 Avenue du Général de Gaulle Clamart
Le 22 août 1962, au carrefour du Petit-Clamart, près de Paris, un commando tente d’assassiner le président Charles de Gaulle. Miraculeusement indemne, il échappe à une embuscade orchestrée par les opposants à la décolonisation. Découvrez l’histoire fascinante de cette tentative qui faillit changer le cours de la France.
L'HISTOIRE EN BREF
La fin de la guerre d’Algérie : un pays divisé, de Gaulle une cible désignée
En 1962, la France traverse l’une des périodes les plus marquantes de son histoire contemporaine. La guerre d’Algérie, longue et déchirante, s’est achevée avec la signature des accords d’Évian en mars, scellant l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet. Si la majorité des Français aspirent à la paix, une frange radicale, notamment les partisans de l’Algérie française et les membres de l’OAS (Organisation Armée Secrète), voit cette décision comme une trahison.
Pour ces derniers, Charles de Gaulle, qui avait initialement promis de préserver l'Algérie comme territoire français, est devenu un ennemi à abattre. De Gaulle, président de la Cinquième République, incarne à la fois l’autorité et le progrès, mais sa politique de décolonisation provoque une rancœur inextinguible chez certains. La colère est telle qu’une faction de l’OAS, dirigée par Jean Bastien-Thiry, décide de frapper fort : éliminer le chef de l’État.
L’attentat du Petit-Clamart : 187 balles en 45 secondes
23 août 1962 : Un enquêteur examine les impacts de balle dans la Citroën DS du général de Gaulle après l’attentat manqué du Petit-Clamart.
En fin de journée, le 22 août 1962, Charles de Gaulle quitte Paris avec son épouse Yvonne pour se rendre à l’aéroport de Villacoublay, afin de rejoindre sa résidence de Colombey-les-Deux-Églises. À bord de la mythique Citroën DS 19, le président ne se doute pas que son cortège s’apprête à traverser un piège soigneusement orchestré. Au carrefour du Petit-Clamart, un commando de 12 hommes, sous les ordres de Jean Bastien-Thiry, prend position. À l’aide d’une estafette jaune et d’une ID-19 bleue, les assaillants se préparent à faire feu sur le convoi présidentiel.
Le signal est donné quand Bastien-Thiry agite un journal. Là les tirs éclatent de tous les côtés. Le gendre de De Gaulle, Alain de Boissieu, crie à son beau-père : « À terre, Père ! ». En à peine 45 secondes, 187 balles sont tirées en direction de la DS présidentielle. Les pneus avant de la DS 19 sont crevés, des impacts de balles transpercent l’habitacle. La scène est d’une violence inouïe, mais le chauffeur, Francis Marroux, réagit avec sang-froid. Malgré les pneus crevés, il accélère et parvient à extraire la voiture du guet-apens, sauvant la vie du président et de sa famille. Miraculeusement, aucun occupant n’est touché. Plus tard dans la soirée, c’est avec un calme déconcertant, que Charles de Gaulle dira à ses proches : « Cette fois, c’était tangent. »
De Gaulle miraculé : les conséquences d’un attentat manqué
Le lieutenant-colonel Jean-Marie Bazstien-Thiry qui a dirigé l'attaque contre le général de Gaulle.
L’échec de l’attentat a des conséquences majeures sur le plan judiciaire et politique. En quelques jours, les membres du commando sont arrêtés. Jean Bastien-Thiry, considéré comme le cerveau de l’opération, est jugé au Fort de Vincennes en janvier 1963. Il plaide la légitime défense pour la France, mais il est condamné à mort et fusillé le 11 mars 1963, devenant le dernier condamné à être fusillé en France. Les autres conjurés sont emprisonnés puis graciés en 1968.
Sur le plan politique, cet attentat renforce l’image de De Gaulle comme un miraculé et un leader providentiel. Cet événement renforce également sa légitimité politique, lui permettant ainsi de faire aboutir une réforme majeure : l’élection du président de la République au suffrage universel direct, qui sera adoptée par référendum à la fin de l’année 1962.
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