Vincenzo Peruggia : L'homme qui vola la Joconde

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Vincenzo Peruggia est connu pour être l'auteur du plus grand vol d’œuvre d'art du XXe siècle. Il va même réussir à faire disparaître « La Joconde » pendant presque deux ans entre 1911 et 1913.

“On pense, on pense encore A celle qu'on adore, Et l'on revient toujours A ses premiers amours.”

De Charles-Guillaume Etienne dans "Joconde ou les coureurs d'aventures"

Tout commence le 21 août 1911, quand un visiteur demande à un gardien au détour d'une galerie, de lui indiquer l'emplacement de la Joconde. Le gardien trouve l'emplacement du tableau mais celui-ci est vide. Il ne reste que le support métallique qui sert à accrocher le tableau. Pendant un temps il suppose que l'œuvre d'art a été retirée momentanément, le temps d'une séance photo. Ce jusqu'au moment ou les gardiens apprennent que Mona Lisa n'est pas avec les photographes. Désormais c'est officiel, le Louvre doit faire face au vol de la Joconde.

 

Vincenzo Peruggia, itinéraire d'un homme ordinaire

Vincenzo peruggia

Photo de Vincenzo Peruggia

Né dans une famille de sept enfants, Vincenzo Peruggia est l'aîné de la fratrie. Il est le fils de Giacomo Peruggia, un maçon, et de Celeste, une femme au foyer. Dès l'âge de douze ans, il commence à travailler comme peintre en bâtiment à Milan. Malheureusement, la crise qui sévit à ce moment-là en Italie le pousse à émigrer en France. Il s'installe donc à Paris en 1908, après avoir trouvé du travail comme peintre en bâtiment. Ses conditions de travail sont difficiles, et l'exposition permanente au plomb présent dans les peintures finit par le rendre malade. Vincenzo Peruggia vient de contracter le saturnisme, une maladie qui va l'obliger à être hospitalisé. Malheureusement, son état de santé s'aggrave, et il finit par sombrer dans l'alcoolisme. Victime du racisme anti-italien qui sévit à l'époque, Vincenzo Peruggia va développer une forme de paranoïa, qui pourrait en partie expliquer les deux arrestations dont il a fait l'objet pour vol, port d'arme et séjour illégal. Malgré toutes ces difficultés, Vincenzo Peruggia est aujourd'hui connu pour avoir commis l'un des plus célèbres vols d'art de l'histoire, celui de La Joconde au Louvre en 1911. Ce personnage énigmatique et controversé est désormais une figure incontournable de l'histoire de l'art, et son histoire ne laisse jamais personne indifférent.

En Tête à tête avec Mona Lisa

Vincenzio Peruggia stealing Mona Lisa 

Reconstitution du vol de la Joconde au Louvre par Vincenzo Peruggia.

Au début du XXe siècle, le musée du Louvre se retrouve confronté à une série de dégradations volontaires sur certaines de ses œuvres. Naturellement, le musée prend la décision de protéger ses 1 600 œuvres les plus importantes. Le Louvre confie cette tâche à la maison Gobier, qui va s'attacher à protéger les œuvres du musée en les plaçant sous verre. Cette entreprise de verrerie emploie cinq ouvriers, dont Vincenzo Peruggia, pour ce chantier prévu pour durer deux ans, de 1909 à 1911. Vincenzo Peruggia se distingue rapidement par ses compétences professionnelles, et il est bientôt le seul à découper et polir les verres des toiles italiennes du Salon Carré. Ce travail lui permet de travailler seul dans la salle et de rester pendant de longues heures en tête-à-tête avec les chefs-d'œuvre de l'art italien. Ces longues heures avec Mona Lisa vont aussi lui permettre d'élaborer un plan qui va le conduire à commettre l'un des vols les plus audacieux de l'histoire de l'art. Le 21 août 1911, Peruggia, qui vient de terminer son contrat avec la maison Gobier, se rend comme tous les jours au musée du Louvre, vêtu simplement de sa blouse de travail. Là, il attend patiemment de se retrouver seul dans le Salon Carré pour décrocher Mona Lisa de sa boîte vitrine. Puis, dans une cage d'escalier toute proche, Peruggia retire le cadre et la vitre de la toile pour faciliter le transport. Le plus simplement du monde, Peruggia enroule la toile, la dissimule sous ses vêtements et quitte le musée sans être inquiété. Le vol ne sera découvert que le lendemain matin, provoquant un scandale international.

La Joconde s'est fait la malle

Mona Lisa stolen-1911

La place vacante de la Joconde dans le carré du Louvre, après avoir été volée en 1911.

Le matin du 22 août 1911, Louis Béroud, peintre, et Frédéric Laguillermie, graveur, deux artistes officiellement autorisés par le Musée du Louvre, arrivent comme d'habitude au musée pour reproduire des chefs-d'œuvre. Alors qu'ils se préparent à étudier l'œuvre de Léonard de Vinci, ils constatent avec stupeur que La Joconde a disparu du mur où elle se trouvait. Ils alertent immédiatement les gardiens du musée qui commencent alors à la chercher, en espérant la trouver dans l'atelier de Braun & Cie, le photographe officiel du Louvre. Mais après des recherches infructueuses, il devient évident que La Joconde a été volée. Le cadre datant de la Renaissance italienne et la vitre du tableau sont rapidement découverts dans un petit escalier du Louvre menant à la cour Visconti. Des empreintes sont retrouvées sur place et comparées à celles des 257 employés du musée, mais aucune correspondance n'est trouvée. La presse s'empare de l'affaire et explore de nombreuses pistes. Les ratés de la police sont largement critiqués dans tous les journaux, et la pression de l'opinion publique contraint le directeur du Louvre à démissionner. Pourtant La Joconde n'est pas loin, elle est toujours à Paris. En effet, c'est dans sa modeste chambre parisienne que, pendant deux ans, Peruggia va cacher La Joconde dans une simple valise rangée sous son lit. Pourtant, la police est remontée jusqu'à lui, puisque le 29 septembre 1911, à peine deux mois après le vol, l'inspecteur Brunet se présente à son appartement pour l'interroger. Devant la modestie du logement, il ne pense pas à fouiller la chambre, ne soupçonnant pas qu'un simple ouvrier puisse être l'auteur d'un vol aussi audacieux.

Voyage en Italie

Fiche de police de Vincenzo Peruggia.

Fiche de police de Vincenzo Peruggia.

Malgré les récompenses offertes par "La Société des amis du Louvre" et la revue "L'Illustration", la Joconde demeure introuvable. Deux ans plus tard, de retour en Italie, Vincenzo Peruggia va tenter de vendre la Joconde à Alfredo Geri, un antiquaire florentin. Pour authentifier l'œuvre, l'antiquaire contacte Giovanni Poggi, alors directeur de la galerie des Offices. Une fois le tableau authentifié, Poggi et Geri conservent la peinture et informent la police italienne, qui arrêtera Peruggia dans son hôtel. Condamné à 18 mois de prison, Vincenzo Peruggia est salué par la presse italienne pour son patriotisme. Après une tournée d'adieu en Italie, la Joconde est finalement restituée au Louvre le 4 janvier 1914, où elle fait depuis l'objet d'une surveillance renforcée. Les raisons du vol commis par Peruggia restent floues, et de nombreuses théories circulent sur ses motivations. Parmi elles, on trouve la version des avocats de Peruggia, qui prétendent qu'il voulait rendre la Joconde à l'Italie, en représailles des vols commis par Napoléon Bonaparte lors d'une campagne militaire en Italie. Une autre théorie raconte que Peruggia aurait agi pour le compte d'un faussaire argentin, Eduardo Valfierno, lui-même déjà condamné pour avoir vendu des contrefaçons de la Joconde. Enfin, il y a celle qui suggère que Peruggia aurait volé le tableau, en souvenir d'un amour de jeunesse qui aurait disparu dans une avalanche. De nos jours, la Joconde de Léonard de Vinci est toujours exposée au Louvre et reste l'œuvre d'art la plus visitée au monde.