Heinrich Severloh, "La bête d'omaha"

9563+54 Colleville-sur-Mer Calvados

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L'HISTOIRE EN BREF

Le 6 juin 1944, jour du débarquement à Omaha Beach, le soldat allemand Heinrich Severloh est un simple mitrailleur chargé de défendre le bunker WN 62. Ce n'est que 60 ans plus tard, dans les années 2000, qu'il devient célèbre en publiant sa biographie, où il affirme avoir tué ou blessé plus de 3 800 soldats américains sur la plage d'Omaha. Depuis, en raison de cette incroyable histoire, Heinrich Severloh a été surnommé « La Bête d'Omaha ».

Heinrich Severloh, un soldat ordinaire

Omaha beach easy red

Secteur de tir d'Heinrich Severloh à partir du WN62

Heinrich Severloh, né en 1923 dans une ferme de Metzingen, dans le sud-ouest de l'Allemagne, voit sa vie prendre un tournant radical au début de la guerre. Initialement envoyé dans le nord de la France avec son unité, l'AR 321, son expertise avec les chevaux lui vaut d'être confié à la conduite d'une voiture hippomobile sur le front de l'Est. Cependant, une blessure le rend inapte au combat, le forçant à retourner en France après une période de convalescence.

En décembre 1943, Heinrich Severloh est muté en France, où il rejoint l'AR 321, désormais rebaptisée AR 352, au sein de la 352e division d'infanterie. Arrivé dans le village de Saint-Michel-de-la-Pierre, près de Coutances, il subit un entraînement rigoureux sous les ordres d'August Wassermeyer, un adjudant-chef connu pour sa discipline stricte. Cette période est marquée par des brimades et vexations quotidiennes, témoignant de la dureté de la vie au sein de l'unité.

Severloh, Le jour J

Les alliés en approche

Seconde-guerre-mondiale-debarquement-LCVP-6juin1944 

Dans la nuit du 5 au 6 juin, le major Werner Pluskat commandant d'unité, téléphone au lieutenant Frerking, lui ordonnant de se rendre dans son poste,  le WN 62, situé dans les dunes de Colleville, le plus vite possible. Heinrich Severloh l'accompagne.  Lorsqu qu'ils arrivent, la nuit est encore opaque. Le jeune caporal s'installe derrière sa mitrailleuse MG 42, sur la droite du poste d'observation du lieutenant Frerking.

Vers 5 heures, alors que l'aube approche, Severloh aperçoit au large cinq ou six navires; Immédiatement il alerte son chef, mais les formes sombres des navires ont disparu derrière un écran de brouillard artificiel. Le lieutenant affirme les avoir vus aussi, et décide de téléphoner au QG du major Pluskat à Étréham, où on lui répond qu'il n'est pas là. Même réponse dans son PC situé dans la position WN 59. Dans le doute, il tire deux fusées éclairantes, au cas où ces navires seraient allemands. En vain, aucune réponse ne vient des bateaux cachés derrière le brouillard artificiel. 

Le début de la fin

 

Aerial Gold Beach

Bientôt la brume se disperse et l'horizon s'emplit de navires de toutes tailles. Severloh comprend immédiatement que lui et ses camarades, vont subir l'attaque de cette armada. Il s'agenouille près de son arme et se met à prier. Alors que les avions alliés commencent à bombarder les positions allemandes, les soldats du WN 62 se précipitent à l'abri. Les explosions retentissent à l'arrière des fortifications allemandes. La majorité des bombes va totalement manquer sa cible. Des nuages de poussière et de terre rendent l'air difficilement respirable. C'est maintenant au tour de la Marine alliée de faire feu. Ses salves font trembler tout le versant où est établie la position. Severloh écrira :

 "Il semble que le monde est en train de sombrer dans un enfer grondant, hurlant et craquant du bruit des obus. A notre hauteur l'herbe sèche et les buissons se mettent à brûler, mais, une fois encore les obus de ce feu roulant touchent le point d'appui sur ses arrières et ne lui causeront que de faibles dégâts".

Heinrich Severloh devient "la bète d'Omaha" 

1944 NormandyLST

Débarquement des troupes de la 1re division d'infanterie américaine, dans la matinée du 6 juin 1944 en face du WN 62

Heinrich Severloh commence à tirer sur les Américains qui descendent des barges. Il voit les impacts que ses balles soulèvent en frappant l'eau, et les dommages causés à ses ennemis "fauchés" par centaine en tentant de franchir la plage. Durant plusieurs heures, il va tirer sans relâche ne s'arrêtant que pour changer le canon de sa mitrailleuse qui chauffe, l'adjudant Pieh de la 716e division d'infanterie lui apporte des caisses de munitions. Quand les assaillants s'approchent trop près, il utilise son Mauser. Par la suite, Severloh réalisera qu'il a tiré environ 12 500 balles à la mitrailleuse et 400 au fusil.

Vers 15 h 30, alors que les Américains gagnent du terrain et que des soldats gravissent les pentes des abords du WN 62, le lieutenant Frerking ordonne le repli des survivants de sa position. Severloh a reçu un éclat métallique qui lui a entaillé une joue et a faussé l'axe de visée de sa mitrailleuse. Le jeune caporal s'élance donc blessé dans une course effrénée, poursuivi par les gerbes de balles américaines qui s'abattent dans son sillage. Hors d'haleine, il parvient à gagner les lignes arrières.  D'après le témoignage de Frank Gockel qui a quitté les combats pour être soigné de sa blessure à la main vers 13h, environ 2500 GI's blessés ou tués devant son poste. Les soldats américains qui ont pris possession du poste de tir de Severloh, ont déclarés avoir des douilles vides jusqu'au niveau des chevilles. 

La bête est encerclée

Caen gare 1944 prisonnier

Le 7 juin, alors que les forces américaines se rapprochent, Heinrich Severloh décide de se rendre. Prisonnier il est est d’abord envoyé aux États-Unis, où il sera détenu dans un camp de prisonniers à Jackson dans le Mississippi. Puis il est envoyé en Angleterre pour un an, affecté à la construction de routes. Finalement libéré entre 1946 et 1947, il retourne à la ferme familiale pour y reprendre le travail des champs aux côtés de son père.

En 1984, une équipe de journalistes de la chaîne ABC rend visite à Severloh chez lui à Celle, en Allemagne. Pour la première fois, il partage son histoire avec les médias, révélant qu'il n'a plus jamais utilisé d'arme à feu depuis 1944. Quelques années plus tard, cherchant à renouer avec ceux contre qui il avait combattu, il retrouve David Silva, un ancien soldat américain devenu aumônier militaire, avec lequel il se lie d'amitié. Severloh, qui publie ses mémoires en 2000 et participe à plusieurs interviews ainsi qu'à un documentaire, insiste sur le fait qu'il n'a jamais tué par plaisir, mais par nécessité de survie. Surnommé parfois « la Bête d'Omaha », il décède le 14 janvier 2006 à l'âge de 82 ans.


POUR SE REPÉRER

 


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