Lieux de mémoire
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23 Boulevard Aristide Briand | Ouistreham | 14150 | FranceLes Commandos Kieffer désignent les hommes du 1ᵉʳ bataillon de Fusiliers Marins Commandos créé au printemps 1942 en Grande-Bretagne par la France libre et leur commandant Philippe Kieffer.
” Les commandos marine sont le fer de lance des forces spéciales. Nous sommes les seuls à pouvoir évoluer dans les trois milieux : terre, air, mer.”
à propos des commandos de Marine, héritiers direct du commando KiefferL’origine du commando Kieffer
Insigne du 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos dessiné par Maurice Chauvet en février 1944Philippe Kieffer crée le 1er Bataillon de fusiliers marins commandos. Celui-ci naît en Angleterre dans un contexte politique propice à sa création. En effet l’armée Britannique se remet à peine de la tragédie de Dunkerque. Elle décide donc de réorganiser sa stratégie offensive en misant sur les commandos. De plus la montée en puissance de la “France libre” du général De Gaulle permet à Kieffer de construire un groupe et d’influer pour parvenir à ses fins.
En effet dès 1940 le lourd revers de Dunkerque oblige Winston Churchill à réorganiser son armée. C’est ainsi qu’il se rend compte qu’il lui manque de petites unités légères et mobiles, capables de mener des actions de renseignement ou de destruction derrière les lignes ennemies. C’est à ce moment que naissent les unités appelées “commandos”.
Philippe Kieffer aux commandes
Le commandant Philippe Kieffer décoré par Bernard Montgomery pour l’action des commandos françaisPhilippe Kieffer a rejoint les Forces françaises libres en Grande-Bretagne le 19 juin 1940. Il est alors officier de liaison chez les Fusiliers Marins. Kieffer se passionne pour les méthodes des commandos Britanniques. D’ailleurs il est très impressionné par le raid mené par les commandos anglais sur les îles Lofoten en mars 1941.
Début janvier 1942, il prend la tête d’un groupe de 25 marins français qui doivent instruire d’autres volontaires basques. Mais ces hommes sont inexpérimentés et n’ont quasiment pas d’équipement. Alors Kieffer intervient auprès des autorités afin que ses hommes puissent se former au sein d’unités Britanniques. Car Kieffer envisage à terme que ses hommes puissent devenir des combattants. Il veut les préparer à mener des missions combinées avec l’armée ou les commandos.
En 1942, la compagnie de Kieffer se fait remarquer pendant son stage chez les Royal Marines. En effet les Anglais remarquent le zèle Français. Les hommes sont volontaires et veulent apprendre vite et bien. Leur excellent comportement général est attribué à la valeur de leur chef. Kieffer profite de ces bons jugements pour militer en faveur de l’intégration d’étrangers dans les commandos britanniques.
La compagnie des fusiliers marins Français
Les commandos français à l’entrainement en écosse dans le parc du chateau d’Achnacarry © IWMSuite à cette dynamique, Kieffer obtient gain de cause en mars 1942. Sa compagnie d’instruction est dissoute et devient la Compagnie de Fusiliers Marins Français. De ce fait kieffer et ses hommes quittent leur base de Camberley pour rejoindre le camp d’entrainement de Skegness.
Là bas ils vont se préparer à subir l’épreuve des stages commandos qui se déroulent à Achnacarry en Écosse. Mais avant cela, un groupe d’instruction spécifique va superviser leur entrainement. Ce sont ces instructeurs qui décideront de l’intégration ou non des hommes de Kieffer dans les commandos.
L’Ecosse, un entrainement de fou
Entrainement des soldats des commandos en écosse en janvier 1943 © IWM.La formation en Ecosse s’effectue au côté des fameux bérets verts britanniques. Le château et ses terres des Highlands sont mis à la disposition de la Special Service Brigade. C’est dans ce cadre austère et sauvage que Philippe Kieffer et ses hommes suivent une formation très difficile. Ils sont parmi les premiers étrangers à suivre cet entrainement démentiel. Le centre d’entrainement écossais est dirigé par le lieutenant-colonel Vaughan.
Dés leur arrivées les français sont mis dans l’ambiance. En signe de bienvenue, ils doivent parcourir 30 km à pied de la gare au château. Pour les accueillir, on les fait passer dans le parc devant des tombes de soldats prétendument morts à l’entraînement. Ces tombes sont en rélaité fictives et servent à mattre les nouveaux arrivants sous pression.
Le bataillon français est placé sous le commandement de Lord Lovat qui dirige la 1ère brigade de commandos. Avec lui ils vont apprendre à dormir dans la boue, ou encore à porter l’équivalent de leur poids en gravissant une montagne. Cette rigueur à l’entraînement tient au danger et à la difficulté des missions derrière les lignes ennemies. De plus Hitler considère les commandos comme des bandits et des voleurs. De ce fait, le 18 octobre 1942, il ordonne d’exécuter immédiatement les commandos fait prisonniers.
Le commandos Kieffer en mission
En 1942 et 1943, le commando Kieffer effectue différentes misions sur les côtes du nord de l’Europe, notamment en France lors du raid de Dieppe. Les Français sont désormais 200 et la petite unité devient le Bataillon de fusiliers marins commandos. Pour le bataillon les raids se poursuivent jusque mars 1944. A partir de là, les Français intègrent le Commando n°4 du lieutenant-colonel Dawson qui est en train de préparer le débarquement en Normandie. Au début de mai 1944, Dawson découvre sa mission. Ses troupes doivent débarquer sur la plage de Sword beach à Colleville-Montgomery et ensuite prendre la ville de Ouistreham.
L’heure de la revanche a sonné
le 6 juin 1944? La ROYAL NAVY approche d’une plage de débarquement. © IWM.Dans les premiers jours de juin 1944, les photos des objectifs sont dévoilées aux commandos sans précision du lieu. Mais certains soldats Français sont originaires de Normandie et reconnaissent immédiatement les sites. Cela inquiète l’état-major Anglais qui place immédiatement le groupe de Kieffer au secret. Les 177 Français ont interdiction de sortir de leur camp jusqu’au jour J.
Philippe Kieffer débarque avec ses hommes en Normandie le 6 juin 1944. Promu capitaine la veille, il est à la tête de 176 soldats aguerris du 1er bataillon de fusiliers marins commandos. A 7H32 le commando Kieffer débarque des barges 527 et 523 sur la plage de Sword Beach à l’est du dispositif allié.
Sur ce secteur, ils sont les premiers à sauter des barges. En effet les britanniques ont pris la décision de laisser passer les Français devant afin qu’ils touchent le sol de leur pays en premier. Leur objectif est “La Brêche” à 500 mètres à l’ouest de Ouistreham.
Les premières pertes du commandos KiefferLes Français doivent à présent parcourir un peu plus de deux kilomètres vers l’Est pour atteindre le bunker du Casino de Ouistreham. L’arrivée sur le sol de France est musclée. Alors que les commandos débarquent sur Sword beach, le tir d’un canon allemand détruit l’avant du LCIS 527. De nombreux officiers sont blessés, mais les survivants parviennent à débarquer.
Malgré ça, le commando Kieffer parvient à traverser les 150 mètres de plages ainsi que les barbelés au pied des dunes. Pour se mettre à l’abri, ils doivent encore atteindre les ruines d’un bâtiment. Mais pour y parvenir, ils doivent franchir le champs de mines qui se trouve devant eux. Les soldats du commando décident d’avancer prudemment en file indienne. Un pari risqué mais payant puisque aucune mine ne sautera sur leur passage.
Derrière les murs du bâtiment, les Français récupèrent un moment et se délestent de leur équipement. C’est aussi le moment de compter les troupes: à ce moment 3 hommes sont morts sur la plage, 26 autres sont blessés dont le commandant Kieffer qui a reçu un éclat d’obus.
Les commandos Kieffer à l’assaut de Ouistreham
Les chars Sherman DD des Royal Hussars soutiennent les commandos Kieffer, rue de Riva-Bella, lorsqu’ils se rendent à Ouistreham, région de Sword, le 6 juin 1944. © IWMPeu après 8h, le commando reprend la route vers Ouistreham en formant deux groupes: le premier prend la direction du Nord pour prendre à revers et neutraliser les défenses allemandes sur Sword beach. le second part au sud en direction du centre ville. Quand aux Français ils accompagnent le premier groupe.
En route, deux d’entre eux sont abattus par des tirs de sniper. Plus loin, une balle touche les grenades qu’un soldat porte à sa ceinture. Malgré tout les commandos continuent d’avancer et parviennent à neutraliser les casemates à la grenade et au lance-flammes. Il leur reste maintenant à prendre le bunker du casino.
Le casse du casino
Un char et des soldats Anglais viennent soutenir les commandos qui se dirigent vers Ouistreham, le 6 juin 1944.© IWM.Grâce aux lance roquettes les bérets verts ciblent les embrasures du bunker avec succès. Mais leur satisfaction est de courte durée, car très rapidement ils sont pris pour cible par une unité d’artillerie ennemie: résultat un mort de plus côté français.
Le bunker du casino résiste toujours, mais un civil va changer la donne. En effet un homme leur livre une information capitale en indiquant la présence d’une ligne téléphonique souterraine qui relie les défenses allemandes. Grâce à cette information ils peuvent isoler le bunker du reste des défenses.
A 9h30 les commandos français ont presque réussis, jusqu’à ce qu’ un char anglais arrive avec le commandant Kieffer. Le blindé tire deux fois contre le bunker et parvient à détruire ses canons. Les Allemands sortent les mains en l’air des ruines du casino. Enfin le char termine le travail en tirant quatre obus qui vont réussir à détruire l’unité d’artillerie allemande voisine.
La joie des commandos est de courte durée quand ils s’aperçoivent que Kieffer est de nouveau blessé à l’avant-bras. Cependant la journée n’est pas terminée car les commandos de Lord Lovat ont désormais rendez vous à Pegasus bridge. En effet la mission prévoit qu’ils viennent porter main forte à la 6ème division aéroportée britannique qui a pris pendant la nuit les ponts de Ranville et Bénouville.
Le bilan du Jour J pour les hommes de Kieffer
Vue aérienne du débarquement à Sword Beach à Hermanville à marée basse. Photo PhotosnormandieQuelques jours avant le débarquement, Lovat déclare aux Français “vous allez nous montrer ce que vous savez faire”. Lovat n’allait pas être déçu.
En revanche même si tous les objectifs sont atteints, le bataillon compte 93 blessés et 21 soldats tués. Le commando Kieffer paye un lourd tribut pour contribuer à la libération de son pays. Le lendemain, les Français en état de combattre se trouvent à 14 kilomètres à l’intérieur des terres. Ils ont atteints tous les objectifs qui leurs étaient assignés dans le cadre de l’opération Overlord.
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