9 février 1943, La rafle de la rue sainte Catherine

12 Rue Sainte-Catherine Lyon

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La rafle de la rue Sainte Catherine se déroule le 9 février 1943, dans les locaux de L'Union Générale des Israélites de France, l'UGIF, créée sous la pression de l'occupant et du régime de Vichy. L’organisation va se retrouver au cœur d'une tragédie orchestrée par celui que l’on surnomme "le Boucher de Lyon", Klaus Barbie, le chef de la Gestapo à Lyon. 

 

La rafle de la rue Sainte-Catherine, est la plus importante réalisée à Lyon par la Gestapo. Un crime qui sera comme oublié, jusqu'à ce qu'il soit jugé pendant le procès de Klaus Barbie en 1987.

La rafle de La rue Sainte-Catherine

Prélude d’une tragédie

Le bureau lyonnais de l’UGIF se situe au 12 rue Sainte-Catherine. Il fonctionne comme un havre précaire pour la communauté juive de la ville. Les locaux de l’UGIF sont devenus un point de ralliement, qui offre soutien et réconfort aux membres d’une communauté, qui tente de survivre dans un monde qui lui est devenu hostile. À cette époque, Lyon se trouve sous le joug de l'occupation nazie, une période sombre marquée par la persécution et la déportation de la population juive.

Un piège machiavélique

Klaus Barbie in uniform

Klaus Barbie, le boucher de Lyon

Le plan de Klaus Barbie était machiavélique dans sa simplicité : utiliser l'UGIF comme appât pour rassembler un grand nombre de Juifs en un seul endroit. Le 9 février 1943, la Gestapo encercle le bâtiment. Les rues se vident tandis que les soldats pénètrent dans les locaux, arrêtant tous ceux qui s'y trouvent. Les forces allemandes ne se contentent pas d'un simple raid éclair.

Car plutôt que de se limiter à une arrestation massive, les soldats restent postés toute la journée dans les locaux de l’association. Cette tactique diabolique leur permet de capturer non seulement ceux qui étaient présents dans les premiers instants, mais aussi tous ceux qui, ignorant le danger, viennent chercher aide ou assistance auprès de l'UGIF. Ce piège cruel, permet la capture de 86 personnes, parmi lesquelles se trouvent des femmes, des enfants, et des travailleurs de l'UGIF venus apporter leur aide.

86 prisonniers, 80 déportés

Plaque rafle rue Sainte-Catherine

Les 86 prisonniers sont d'abord envoyés vers la prison de Montluc, tristement célèbre pour ses conditions de détention inhumaines. Cependant la prison étant pleine, les victimes de la rafle seront finalement emprisonnées au fort Lamothe dans le 7eme arrondissement de Lyon. C'est de cette enceinte militaire que les prisonniers vont être transférés vers le camp de Drancy, dernière étape avant les camps de la mort. La plupart seront envoyées à Auschwitz, d'où très peu reviendront. Parmi les victimes se trouve Simon Badinter, le père de Robert Badinter, qui deviendra plus tard un fervent défenseur des droits de l'homme et jouera un rôle clé dans l'abolition de la peine de mort en France.

La mémoire de la rafle de la rue Sainte-Catherine

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La rafle de la rue Sainte-Catherine n'est pas seulement le récit de l’une des trop nombreuses persécutions nazies. C'est aussi une histoire de mémoire et de résilience. Une mémoire qui refera surface en 1987, lors du procès de Klaus Barbie, quand des survivants de ces actes ignobles, viendront témoigner, en faisant face au « boucher de Lyon ». Des témoignages qui permettent encore aujourd’hui, de ne pas oublier les horreurs commises. Désormais Une plaque commémorative, installée sur le site, sert de rappel permanent de la barbarie de la Gestapo et de la fragilité de la liberté.

Enseignements pour l'avenir

Gerbes de fleurs au pied de la plaque commémorant la rafle de la rue Sainte-Catherine (2)

L'histoire de la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon sert de sombre rappel des dangers de l'indifférence et de l'inhumanité. Elle souligne l'importance de la mémoire historique dans la lutte contre la répétition des erreurs du passé. À travers le souvenir des victimes, nous sommes appelés à défendre les valeurs de tolérance, de justice et de respect de la dignité humaine.

Cet article, loin de n'être qu'un récit des événements tragiques de 1943, est un hommage à ceux qui ont continué à lutter pour la justice. Il rappelle l'importance de l'éducation historique, non seulement pour honorer ceux qui ont été perdus, mais aussi pour équiper les générations futures avec la connaissance nécessaire pour prévenir la répétition des tragédies passées.


AUDIO

Émission du 2 août 2004

Durée : 1H

Mercredi 20 mai 1987. Procès de Klaus Barbie - 8ème journée d'audience.

Lors du procès, des témoignages poignants ont été livrés par ceux qui ont survécu aux actions de Klaus Barbie. Léa Katz fut parmi les premières à partager son histoire. À l'âge de seize ans, le 9 février 1943, elle se dirigeait vers le siège de l'Union Générale des Israélites de France, situé rue Sainte Catherine, lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec les forces de la Gestapo. Par un coup du sort, elle parvint à éviter la capture ce jour-là, et son récit des événements demeure d'une exactitude stupéfiante. Un autre survivant, Michel Cojot-Goldberg, évoque la même date, se rappelant la couverture neigeuse des rues lyonnaises, et comment, privé de ses bottes laissées chez le cordonnier, il fut interdit par sa mère de rejoindre son père à l'UGIF, une décision qui lui sauva la vie mais le sépara à jamais de son père. 

 

Des années plus tard, sa quête de justice l'amena à confronter Barbie, se faisant passer pour un journaliste avec un revolver caché, mais il ne put se résoudre à l'acte de vengeance. Eva Gottlieb prit également la parole, à soixante-quatre ans, évoquant comment elle survécut grâce à des papiers d'identité falsifiés lors de cette même journée tragique, contrairement à sa mère qui ne fut pas aussi chanceuse. Tandis que les témoins se succédaient, l'accusation écoutait attentivement, dans un silence partagé par la défense.