Harold Baumgarten, le miraculé d’Omaha Beach
94H2+8F Vierville-sur-Mer Calvados
Harold Baumgarten avait à peine 19 ans lorsqu’il débarqua sur Omaha Beach le 6 juin 1944. Venant de New York, il fut propulsé au cœur de l’enfer lors du Débarquement. Blessé cinq fois en une seule journée, il survivra miraculeusement à l’une des batailles les plus sanglantes de l’histoire. Après la guerre, il devint un ardent défenseur de la mémoire de ses camarades disparus.
L'HISTOIRE EN BREF
Baumgarten, un jeune soldat prêt à se sacrifier pour la liberté
Harold Baumgarten n’a que 19 ans lorsque la guerre l’emporte vers Omaha Beach. Ce jeune homme juif, originaire du Bronx à New York, s’est enrôlé dans l’armée américaine pour venir lutter contre l’oppression nazie en Europe. Affecté à la compagnie B/116 de la 29e division d’infanterie, il est conscient des risques, mais sa volonté de défendre la liberté et d’honorer ses valeurs le pousse à affronter l’horreur qui l’attend. Dans la barge de débarquement qui le conduit vers les plages de Normandie, Harold ressent un mélange de terreur et de détermination. Autour de lui, les visages sont fermés, les mains tremblent ; chaque homme sait que certains d’entre eux ne reverront jamais leur foyer.
Alors qu’ils approchent des côtes sous les tirs allemands, un événement tragique se produit : la barge située juste à côté de celle de Baumgarten est touchée par une explosion. L’impact est terrifiant, projetant des débris et du sang sur Harold et ses camarades. Ce choc brutal, combiné au bruit assourdissant des explosions autour d’eux, marque le début de son immersion dans l’horreur. Harold jette un dernier regard autour de lui, absorbant chaque détail, chaque visage. Il se prépare mentalement, répétant intérieurement qu’il doit survivre, non pour lui-même, mais pour ses camarades, pour sa famille, et pour la liberté. Son cœur bat à tout rompre alors que la rampe de la barge s’abaisse, avant de le projeter dans l’enfer d’Omaha Beach.
Baumgarten, cinq fois blessé dans la même journée
Dès que Harold Baumgarten pose le pied sur Omaha Beach, c’est le chaos absolu. Partout autour de lui, les balles sifflent, les obus éclatent, déchirant l’air et le sol dans un fracas assourdissant. Il voit ses camarades d’infortune s’effondrer, sur le sable pour les plus chanceux, dans l’eau pour les autres. Harold est sous le choc. Il sait que chaque instant peut être le dernier. Le jeune soldat sait qu’il doit tenter de progresser, malgré les tirs nourris qui fusent de tous côtés. Puis, soudain, une explosion toute proche. Un éclat d’obus vient le frapper au visage. La douleur est instantanée, brûlante. Harold sent sa joue se déchirer, plusieurs de ses dents voler en éclats, et le goût du sang envahit sa bouche. Mais au milieu de cet enfer, il n’a pas le temps de se lamenter. Il s’essuie, bande son visage comme il le peut, et avance encore. Quelques mètres plus loin, alors qu’il tente de secourir un camarade gisant au sol, une balle siffle et le touche à la tête. Il est projeté en arrière, sonné. Le sang coule de nouveau, brouillant sa vue. Un instinct puissant, presque animal, le pousse à se relever. Il sait qu’il ne doit pas s’arrêter, qu’abandonner serait signer son arrêt de mort.
Il continue d’avancer en rampant au milieu des corps de ses camarades tombés au combat. Alors qu’il avance péniblement, Harold pose le pied sur une mine. La déflagration lui lacère le pied. Pris de vertiges à cause de la douleur, il est obligé de s’arrêter. Son pied saigne abondamment, mais le jeune soldat ne s’avoue pas vaincu. Il retire sa chaussure, la vide de son sang, et applique du sulfamide sur sa blessure pour éviter une infection. Tant bien que mal, il remet sa chaussure et reprend sa marche en avant pour sortir de cet enfer. Avec son pied meurtri, chaque pas est une souffrance, un effort de volonté. Le soir venu, pour atteindre un abri, il n’a pas d’autre choix que de traverser une route exposée au tir de la mitrailleuse MG-42 allemande. Harold tente sa chance, mais une rafale le frappe de plein fouet à la mâchoire, lui arrachant d’autres dents et laissant un trou béant. Harold est à bout, il n’a plus qu’une dose de morphine, qu’il utilise pour calmer cette douleur indescriptible. Son visage est en sang, sa mâchoire détruite, mais il parvient à se glisser dans un fossé. Harold réussit à s’accrocher jusqu’au petit matin, jusqu’à ce qu’il soit finalement retrouvé par hasard par une ambulance qui passait par là. Immédiatement pris en charge, ses sauveteurs, constatant la gravité de son état, décident de l’évacuer en urgence.
Sur le bord de la plage, Harold épuisé, attend sur une civière au milieu d’autres blessés graves, d’être embarqué. Il croit être en sécurité, quand un coup de feu retentit. Il provient d’un tireur isolé allemand qui n’a pas encore déposé les armes. Avant d’être neutralisé, une des balles du sniper vient traverser le genou de Baumgarten. Cette ultime blessure est la cinquième. Cinq coups du sort qui auraient pu, qui auraient dû l’abattre.
Un passeur de mémoire
Des soldats américains blessés du16e régiment d'infanterie, après avoir pris d'assaut la plage d'Omaha en Normandie
Cette journée à Omaha Beach hantera Harold Baumgarten pour le reste de sa vie, une épreuve inscrite à jamais dans sa chair. Après avoir subi 23 opérations, Harold choisit, après la guerre, de devenir médecin. Pour lui, sauver des vies est un hommage aux camarades qu’il a perdus sur la plage, car les souvenirs d’Omaha Beach ne le quittent jamais. D’ailleurs, il écrira par la suite deux livres, dans lesquels il raconte en détail son expérience hors du commun.
Jusqu’à sa dernière visite en Normandie en 2014, Harold Baumgarten est revenu chaque année pour honorer ses compagnons disparus. À Vire, que sa division a aidé à libérer, il est accueilli comme un héros, et les habitants lui témoignent leur profonde gratitude. Sa présence lors des commémorations, aux côtés d’autres vétérans, symbolise son envie de faire vivre le souvenir. Harold Baumgarten s’est éteint le 25 décembre 2016, laissant derrière lui un héritage de mémoire et d’humanité, rappelant à tous que chaque liberté acquise a été gagnée par le sang et le sacrifice.
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