Beaune-la-Rolande : un lieu clé de la déportation juive en France
5 Rue des Déportés Beaune-la-Rolande
Le camp de Beaune-la-Rolande construit en 1939 pour accueillir des prisonniers de guerre, devint un rouage essentiel de la déportation des Juifs de France pendant la Shoah. Entre 1941 et 1943, des milliers de vies y furent brisées, dont celles de centaines d’enfants, dans l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire française.
L'HISTOIRE EN BREF
Beaune-la-Rolande, rouage essentiel de la machine de persécution nazie
Plan du camp de Beaune-la-Rolande
Initialement construit en 1939 pour accueillir des prisonniers de guerre allemands, le camp de Beaune-la-Rolande fut rapidement détourné de son objectif après la défaite de la France en 1940. Sous l’Occupation, les Allemands l’utilisèrent d’abord pour regrouper des prisonniers de guerre français avant leur transfert vers l’Allemagne. En mai 1941, dans une France occupée et collaborant avec les autorités nazies, le camp devient un lieu d’internement pour les Juifs étrangers arrêtés lors de la rafle du billet vert. Ces hommes, souvent originaires de Pologne, d’Autriche ou d’Allemagne, avaient fui les persécutions dans leur pays, mais se retrouvent piégés en France.
En juillet 1942, la rafle du Vélodrome d’Hiver marque une escalade tragique : des milliers de femmes et d’enfants sont internés à Beaune-la-Rolande et Pithiviers, deux camps tristement célèbres pour leur rôle dans la Shoah. Ces internements faisaient partie d’un système méthodique de déportation orchestré par des figures telles qu’Heinz Röthke, Alois Brunner et Adolf Eichmann, tous responsables de l’accélération des transferts vers les camps d’extermination.
Un camp aux conditions de vie inhumaines
Intérieur d'un baraquement rempli d'hommes en 1941
Les internés de Beaune-la-Rolande étaient surveillés par des gendarmes français sous la supervision des Allemands. La vie quotidienne dans le camp était marquée par des conditions de détention extrêmement difficiles et précaires. Les baraquements en bois, rudimentaires et dépourvus d’isolation, ne protégeaient pas du froid glacial de l’hiver ni de la chaleur étouffante de l’été. Les internés vivaient dans une promiscuité oppressante, dormant sur des lits de fortune entassés les uns contre les autres. Les appels fréquents, parfois en pleine nuit, les obligeaient à rester debout dans le froid pendant des heures, épuisant encore davantage les corps et les esprits. L’alimentation était insuffisante : une soupe aqueuse, du pain rassis, et parfois quelques légumes constituaient l’unique ration quotidienne. Ces privations, associées à une hygiène déplorable, affaiblissaient les corps et favorisaient la propagation des maladies. Les enfants, particulièrement vulnérables, furent frappés par des épidémies de diphtérie, de rougeole et de scarlatine.
Le 17 août 1942, un événement tragique bouleversa la vie du camp. Environ 1 500 enfants, séparés de leurs mères déportées quelques jours plus tôt, furent regroupés dans une angoisse insoutenable. Privés de soutien parental, ils vécurent plusieurs semaines dans une incertitude totale avant d’être à leur tour envoyés à Drancy, puis à Auschwitz via le convoi n°20. Aucun de ces enfants ne survécut.
Un héritage mémoriel essentiel
Policier français surbeillant les internés du camp de Beaune-la-Rolande
Le camp de Beaune-la-Rolande ferma ses portes en juillet 1943, ses derniers internés transférés à Drancy. Aujourd’hui, bien que le camp n’existe plus physiquement, son héritage mémoriel demeure. Le mémorial des Enfants du Vel d’Hiv à Orléans, situé à quelques kilomètres du camp, honore spécifiquement les enfants victimes des déportations. Ce lieu propose des expositions, des récits, et des photographies permettant de mieux comprendre la souffrance des victimes et l’ampleur de la tragédie.
Parmi les survivants du camp, Simone Veil, déportée avec sa famille, incarne un symbole universel de résilience. Après avoir survécu à Auschwitz, elle devint une figure majeure de la mémoire et de la transmission en France, œuvrant sans relâche pour le devoir de mémoire. Comme elle l’a exprimé : « Le devoir de mémoire n’est pas négociable, c’est une arme contre l’oubli. »
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