Chateaubriand : Le père du romantisme français
MX38+6P Saint-Malo Ille-et-Vilaine
François-René de Chateaubriand, figure de proue du romantisme, a laissé une empreinte indélébile dans la littérature française. À travers ses œuvres majeures, telles que Les Mémoires d’Outre-Tombe et Le Génie du Christianisme, il a marqué de son empreinte les grands bouleversements politiques et sociaux de son époque, de la Révolution française à la Restauration. Au-delà de son engagement littéraire, Chateaubriand s’est également imposé comme un homme politique influent, opposant farouche de Napoléon et défenseur passionné de la liberté.
L'HISTOIRE EN BREF
Du romantique éxilé naît la légende
Le jeune François René de Chateaubriand
Chateaubriand naît à Saint-Malo en 1768, où il grandit dans un environnement qui nourrit son imaginaire romantique. Très jeune, il se découvre une passion pour les vastes paysages et la nature sauvage, qui seront des thèmes récurrents de son œuvre. En 1791, il part explorer les États-Unis, où il s’émerveille devant les chutes du Niagara et la culture amérindienne. Cette aventure influencera ses écrits, notamment René, une œuvre qui incarne son mal du siècle et son goût pour l’exotisme.
Représentation de l'indien Chactas, personnage d'’Atala, roman de François-René de Chateaubriand.
À son retour, il est témoin des excès de la Révolution française, qui le bouleverse profondément. Il choisit l’exil à Londres, où il écrit Le Génie du Christianisme. Ce livre, publié en 1802, célèbre la grandeur et la beauté de la foi chrétienne, en réaction à l’anticléricalisme ambiant. Ce chef-d’œuvre marque la naissance du romantisme français et fait de Chateaubriand une figure incontournable du monde littéraire de l’époque.
Chateaubriand très engagé en politique
Salon littéraire, illustration de Victor Hugo présenté à Mme Récamier par François-René de Chateaubriand.
De retour en France, Chateaubriand entre dans le cercle politique sous le règne de Napoléon Bonaparte. Mais il se démarque vite par son indépendance d’esprit et son opposition farouche à l’Empereur. Après l’exécution du duc d’Enghien, il quitte la diplomatie et devient l'un des opposants les plus virulents de Napoléon, publiant en 1814 un pamphlet intitulé De Buonaparte et des Bourbons. À travers ses écrits, il s’affirme comme un défenseur de la monarchie et de la liberté, deux valeurs qu’il considère essentielles.
Lors de la Restauration, Chateaubriand occupe plusieurs postes diplomatiques, notamment ministre des Affaires étrangères et ambassadeur. Mais sa relation avec les Bourbons est complexe. Toujours critique, il s’oppose au ministre Villèle et devient un fervent défenseur de la liberté de la presse. Il fonde Le Conservateur, un journal royaliste, pour diffuser ses idées et ses critiques. Sa carrière politique prend fin avec la Révolution de Juillet en 1830, marquant le début de son retrait public.
Les mémoires d’outre-tombe : le monument littéraire de Chateaubriand
En retrait de la scène politique, Chateaubriand se consacre à l’écriture de son chef-d’œuvre ultime, Les Mémoires d’Outre-Tombe. Ce monument littéraire, publié à titre posthume, mêle l’histoire personnelle de Chateaubriand aux événements qui ont marqué son siècle. Témoignage poignant et épique, l’œuvre exprime la fuite du temps, la fragilité des choses et l’obsession de l’oubli, tout en offrant une reconstitution poétique de son époque.
Dans ce texte, il déploie une prose élégante et lyrique, qui alterne entre souvenirs intimes, réflexions philosophiques, et portraits acérés de ses contemporains. À travers les Mémoires, Chateaubriand défie le temps et se construit un tombeau littéraire destiné à perpétuer son souvenir. Il s’impose comme l’un des écrivains les plus influents de son temps, aux côtés de figures comme Victor Hugo et Lamartine, faisant de son œuvre un pilier du romantisme.
La tombe du Grand Bé : un repos éternel face à la mer
La sépulture de Chateaubriand au Grand Bé
Conformément à ses dernières volontés, François-René de Chateaubriand est inhumé sur le rocher du Grand Bé, à Saint-Malo, le 4 juillet 1848. Située face à l’océan, sa tombe, dépourvue d’inscription, symbolise son attachement à la mer, qu’il a tant aimée. Chateaubriand avait cherché cet emplacement depuis 1823, désirant un lieu isolé pour sa sépulture. Après des démarches auprès des autorités locales et de l’intervention du poète malouin Hippolyte de La Morvonnais, le conseil municipal accède finalement à sa demande en 1831. Le monument est érigé en 1838, dix ans avant sa mort.
Exposée aux éléments, la tombe est menacée par l'érosion depuis 1924, mais elle reste en place malgré les propositions de déplacement. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle subit des dommages, mais l’architecte Raymond Cornon restaure le site en respectant le souhait de Chateaubriand : la tombe ne comporte toujours aucune inscription, excepté une plaque discrète indiquant : "Un grand écrivain français a voulu reposer ici pour n'y entendre que la mer et le vent." Des personnalités comme Flaubert et Simone de Beauvoir sont venues s’y recueillir, marquant l’importance de ce lieu unique dans l’imaginaire littéraire français.
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