Joséphine Pencalet, symbole de Douarnenez, première élue de Bretagne
1 Bd Jean Richepin Douarnenez
En mai 1925, à Douarnenez, Joséphine Pencalet devient la première femme élue conseillère municipale en France, défiant les lois restrictives de l’époque. Cette ouvrière bretonne, issue de la lutte des sardinières, incarne le courage et l’audace des pionnières du droit des femmes.
L'HISTOIRE EN BREF
Joséphine Pencalet pionnière de la contestation sociale
Portrait de Joséphine Pencalet en 1916
Dans les années 1920, Douarnenez est bien plus qu’un paisible port breton. C’est un bastion communiste, animé par les luttes ouvrières et marqué par la grève des sardinières de 1924, un mouvement d’une ampleur inédite en France. Les ouvrières, surnommées les Penn Sardin, dénoncent des conditions de travail épuisantes et des salaires misérables. Elles remportent une victoire symbolique, qui galvanise les luttes sociales locales.
C’est dans ce contexte que Joséphine Pencalet, ouvrière discrète mais engagée, émerge comme une figure emblématique. Issue d’une famille de marins pêcheurs, elle connaît la dure réalité du travail en conserverie. En mai 1925, elle est choisie pour figurer sur la liste du Parti communiste aux élections municipales, un geste audacieux dans une société où les femmes n’ont toujours pas le droit de vote ni d’éligibilité.
L’élection d’une femme bretonne
Le 3 mai 1925, les résultats tombent : la liste communiste remporte 26 des 27 sièges au conseil municipal de Douarnenez, et Joséphine Pencalet devient la première femme élue en France. Placée en quatrième position sur la liste, elle siège dans les commissions scolaire et d’hygiène, où elle défend les intérêts des familles ouvrières. Sa victoire fait grand bruit, révélant les contradictions d’un système législatif qui n’interdit pas explicitement aux femmes d’être élues, mais leur refuse pourtant toute légitimité politique.
Joséphine, toutefois, reste une héroïne malgré elle. Choisie davantage pour son profil modeste et sa proximité avec les ouvrières que pour ses ambitions politiques, elle s’investit avec sérieux dans son rôle, tout en subissant la pression de l’attention médiatique et des manœuvres juridiques visant à invalider son élection.
Une élection annulée, mais une mémoire réhabilitée
1925, le port de Douarnenez, pendant la grève des sardinières
Le 27 novembre 1925, le Conseil d’État tranche : l’élection de Joséphine Pencalet est annulée, les femmes étant légalement inéligibles. Après cette décision, elle retourne à sa vie d’ouvrière, amère face au manque de soutien du Parti communiste qui avait porté sa candidature. Elle continue de travailler discrètement jusqu’à sa mort en 1972, sans jamais regagner la reconnaissance publique qu’elle méritait.
Ce n’est que bien plus tard que l’histoire de Joséphine Pencalet est redécouverte et célébrée. En 2012, une rue de Douarnenez est baptisée en son honneur, rendant hommage à son rôle pionnier dans la lutte pour les droits politiques des femmes. Son parcours, étroitement lié à celui des Penn Sardin et des luttes ouvrières, résonne aujourd’hui comme un appel à la mémoire et à la justice.
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