Monet à Giverny, l'oeuvre d'une vie
84 Rue Claude Monet Giverny
Au moment où Claude Monet arrive à Giverny, lui et son épouse, Camille, ont déjà vécu déjà au Havre, à Paris, à Argenteuil et à Veutheil. En réalité, les Monet ont déjà beaucoup déménagé au grès des gains de l'artiste, parfois même la nuit pour éviter les propriétaires en colère. Claude Monet souhaite quitter Poissy où il ne s'est jamais vraiment plu. Il cherche un lieu où lui et toute sa famille pourraient s'installer définitivement. Ainsi c'est au cours d'un voyage en Normandie qu'il aperçoit par la fenêtre du train le village de Giverny. Le village lui parait charmant et il décide de s'y arrêter.
"Quand vous sortez pour peindre, essayez d'oublier quels objets vous avez devant vous, un arbre, une maison, un champ ou quoi que ce soit. Pensez seulement ceci : voici un petit carré bleu, de rose, un ovale vert, une raie jaune, et peignez-les exactement comme ils vous apparaissent, couleurs et formes exactes, jusqu’à ce qu'ils vous donnent votre impression naïve de la scène qui se trouve devant vous."
Claude Monet
En descendant du train, Monet part se promener dans le village. Il s'arrête à la terrasse d'un café, commande un grand pichet de cidre et commence à parler avec les habitants du village. Là, Monet apprend qu'un charpentier du village a récemment hérité d'une ferme dont il n'a pas besoin. La maison se situe au lieu-dit "le Pressoir". Elle est bordée par un jardin potager et un verger, "le Clos normand". L'ensemble clos de murs s'étend sur près d'un hectare. En avril 1883, Louis-Joseph Singeot, le propriétaire, accepte de louer sa ferme au peintre. Claude Monnet y emménage avec sa femme Alice et leur grande famille recomposées qui compte tout de même, les six enfants d'Alice et les deux enfants de Claude. La maison sera louée pendant sept ans. Mais en 1890 Monet profite d'une "embellie" financière pour acheter la maison et le jardin attenant. Car en 1890, Monet s'est ouvert la porte de l'Amérique où son travail reconnu se vend très bien.
Monet, une famille, la couleur et la vie
La maison est située près de la route principale qui relie Vernon et Gasny. Il y a une grange qui sert d'atelier de peinture, des vergers et un petit jardin. La maison est suffisamment proche des écoles locales pour que les enfants puissent y aller, et les environs offrent de nombreux sujets pour le travail de Monet. La maison est aussi suffisamment grande pour accueillir cette famille nombreuse. La première chose que Monet fera en arrivant, est de repeindre les volets gris de la maison en vert. Tout de suite Monet souhaite faire entrer la couleur dans son nouvel univers.
Les pièces maîtresses
Au rez-de-chaussée on trouve le salon bleu qui sert de salle de lecture. Il communique directement avec "l’épicerie" qui est en fait un garde-manger où sont entreposés le thé, l’huile d’olive, les épices et les œufs, dans des meubles suspendus au mur. Puis juste après le visiteur peut découvrir le premier atelier de l’artiste, où il a travaillé jusqu’en 1899. La pièce a minutieusement était reconstituée à l'identique en 2011. Puis viennent la salle à manger et la magnifique cuisine carrelée de bleu.
Le bleu est la couleur dominante des carrelages dans la cuisine de Monet.
Pour la salle à manger, Monet a choisi la couleur jaune. La pièce étant exposée plein sud baigne de lumière à longueur de journée. C'est ici que le peintre aime déjeuner en famille ou entre amis. A sa table, ses amis s'appellent Caillebotte, Renoir, Cézanne, Rodin ou Clémenceau. Sur les murs de cette pièce Monet accroche sa collection d'estampes Japonaises qu'il aime tant.
La salle à manger où Monet aimait accueillir ses amis.
Au premier étage se trouvent les chambres familiales et les appartements privés. Depuis 2013, les chambres à coucher de Monet et d'Alice ont été rénovées à l'identique. La chambre de Monet à la particularité d'avoir en permanence ses volets ouverts. L'artiste avait besoin que la lumière baigne sa vie à longueur de journée. C'est dans le lit de cette chambre que Monet s'éteint en 1926. Le plus frappant dans cette maison, est qu'a chaque fenêtre on retrouve la volonté de Monet, à faire rejaillir à l'intérieur, la beauté de la nature extérieure.
Toutes les fenêtres de la maison donnent sur le jardin.
Puis juste à côté de la maison se trouve l'atelier de Monet. Ce vaste endroit baigné de lumière est idéal pour peindre des œuvres gigantesques. Le maître y peint notamment ses plus grandes peintures de nénuphars, dont celles qui sont exposées au musée de l'Orangerie à Paris.
« Les nymphéas » Ou comment Monet offre la vision d'un monde flottant.
Celle qui dirige la maison, c'est Alice. Elle est d'ailleurs réputée pour être une femme de caractère. Mais cela n'empêche pas Monet de profiter des plaisirs simples de la vie. En effet l'homme aime manger, fumer, et il aime les femmes. Monet est un grand gaillard Normand très discipliné. A Giverny il aime tout autant sa vie d'homme que sa vie d'artiste. Et quand on voit sa maison on comprend pourquoi. La façade rose de la maison est recouverte de lierre, et ses fenêtres vertes brillantes donnent à l'ensemble un effet saisissant. C'est dans cette maison et dans ses jardins soigneusement conçus que Monet créé avec dévotion. Aujourd'hui les visiteurs de la maison de Claude Monet à Giverny peuvent visiter réellement certaines de ses œuvres. Pour cela c'est facile, puisqu'il n'y a qu'à se promener tranquillement dans la maison et son jardin.
La maison de Monet après sa mort
Une photo de l'Artiste prise dans son atelier.
À la mort de Monet en 1926, le domaine est confié à son fils Michel. Mais celui-ci ne vivant pas à Giverny, c'est Blanche Hoschedé, la fille d'Alice, qui s'occupera du jardin avec l'aide de l'ancien jardinier en chef Louis Lebret. Après la mort de Blanche en 1947, le jardin est laissé à l'abandon. En 1966 Michel Monet décède dans un accident de voiture. Sans héritier il lègue le domaine de Giverny à l'Académie des beaux-arts. Ce n'est qu'en 1977 que Gérald Van der Kemp va jouer un rôle essentiel dans la restauration de la maison et des jardins abandonnés. Van der Kamp qui est alors conservateur du château de Versailles, lance un appel aux dons dans le but de collecter des fonds par le biais de la "Versailles Foundation-Giverny Inc.". Avec son épouse Florence, ils font appel essentiellement aux donateurs américains pour restaurer la maison et le jardin du peintre. Plus tard en 1980, La Fondation Claude Monet est créée quand le domaine devient public. Très vite couronné de succès, il accueille désormais les visiteurs français et internationaux d’avril à novembre.
Au début avec l'aide de sa famille, puis avec celle de jardiniers, Claude Monet plante, nourri et compose son jardin de Giverny. Un monde de fleurs qui se compose de roses jaunes, roses et rouges disposées au sol et suspendues à des arches en métal.
" J’ai mis du temps à comprendre mes nymphéas… Je les cultivais sans songer à les peindre… Un paysage ne vous imprègne pas en un jour… Et puis, tout d’un coup, j’ai eu la révélation des féeries de mon étang. J’ai pris ma palette. Depuis ce temps, je n’ai guère eu d’autre modèle."
Claude Monet
Il ne se passe pas une journée sans que Monet ne laisse des instructions à son jardinier. Cela peut être des dessins ou des schémas précis pour des plantations. Mais aussi des listes d'achats pour des commandes de fleurs ou de livres pour sa collection d'ouvrages sur la botanique. À mesure que la notoriété et la richesse de Monet grandissent, son jardin évolue. Jusqu'à la fin de sa vie, Monet en restera le maître incontesté, et ce même après avoir embauché de nombreux jardiniers.
Monet et son jardin extraordinaire
Claude Monet dans son jardin vers 1917, autochrome de Clémentel
Partout le peintre parsème son jardin de taches de géraniums rouge vif, de lavande pourpre pâle, de pensées pourpre foncé, d'Iris, impatiens, pivoines et bien plus encore. Cela ressemble à l'une de ses peintures et fait ressortir toutes les couleurs et la vie. Avant Giverny, Monet peint ce que d’autres créent : la cathédrale de Rouen, des meules de foin ou des locomotives à vapeur à la gare Saint Lazare. Mais à Giverny, Monet conçoit lui même les sujets de ses peintures. En plaçant les parterres de fleurs à la perfection et en dessinant des courbes agréables, Monet esquisse ses toiles en plantant des fleurs, avant de les peindre sur ses toiles. Il parvient à acheter les terrains adjacents pour y installer un étang. Celui-ci est agrémenté de petits ponts et bordé de touffes de bambou et de saules pleureurs. Pour finir Monet ajoute sa touche finale en y faisant poser des nénuphars. Monet adore les reflets de l'étang et la lumière magique qui en se déplaçant semble transformer l'espace. Dans ses dernières années, il est obsédé par ses peintures abstraites à motifs de lys.
Un jardin, un étang et Monet
Claude Monet devant Les Nymphéas, dans son jardin à Giverny.
Monet achète à l'une de ses voisines un terrain supplémentaire avec une prairie d’eau. En 1893, il entame un vaste projet d'aménagement paysager qui comprend des bassins de nénuphars. L’inspiration de l'étang de Monet n'a pas été facile à entretenir. Monet a un jardinier qui est responsable de l'étang. Celui-ci se voit confier la lourde tâche de récupérer toutes les feuilles sèches et d'empêcher les rats d'eau de manger les bulbes de nénuphar. Des nénuphars blancs originaires de France qui sont plantés avec des cultivars importés d'Amérique du Sud et d'Égypte. Cet ingénieux mélange produit une gamme de couleurs comprenant des lys jaunes, bleus et blancs qui virent au rose avec l'âge. Ces nénuphars seront le sujet de ses œuvres les plus connues. Monet a pris des mesures audacieuses pour réaliser ses chefs-d'œuvre, que ce soit sur toile ou dans la réalité de son jardin. Par exemple pour son étang Monet a besoin d'eau et pour y parvenir il doit de dévier un bras de la rivière vers son jardin. Ce projet n'est pas du tout du goût du conseil municipal de l'époque. Qu'a cela ne tienne, Monet écrit directement sa demande d'autorisation au préfet de l'Eure qui contre toute attente, validera le projet du peintre. Le maire et son conseil sont fous de rage, mais obligés d’accéder à la demande de Monet. Pendant les travaux ils tenteront en vain de sanctionner Monet, celui-ci usant de ses relations avec Georges Clemenceau pour annuler les sanctions. Deux siècles plus tard, les toiles que Monet a créées dans ses jardins se retrouvent dans les plus grands musées d'art du monde, ainsi que dans le musée de l'impressionnisme de Giverny. Même de nos jours, ils rappellent la douceur de la campagne française peints avec tant de tendresse par Claude Monet. Les Nymphéas de Claude Monet.