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49 Rue Monge | Paris | 75005 | FranceLes arènes de Lutèce témoignent de l’histoire antique de Paris. Ainsi c’est au 49 de la rue Monge que se dissimulent les vestiges d’un amphithéâtre Romain.
“Paris, le 27 juillet 1883,
Monsieur le président,Il n’est pas possible que Paris, la ville de l’avenir, renonce à la preuve vivante qu’elle a été la ville du passé. Le passé amène l’avenir. Les arènes sont l’antique marque de la grande ville. Elles sont un monument unique. Le conseil municipal qui les détruirait se détruirait en quelque sorte lui-même. Conservez les arènes de Lutèce. Conservez-les à tout prix. Vous ferez une action utile, et, ce qui vaut mieux, vous donnerez un grand exemple.
Je vous serre les mains.”
Lettre de Victor Hugo au Président du Conseil Municipal de ParisAux origines des arènes de Lutèce
Les arènes de Lutèce se trouvent aujourd’hui sur la place Emile Mâle, dans le quartier latin. Ses vestiges laissent penser qu’autrefois le monument devait être impressionnant. En effet l’édifice construit au premier siècle de notre ère, a des dimensions bien supérieures aux normes romaines.
Des dimensions hors normes
À l’intérieur le public se presse autour de l’arène pour assister à des combats d’animaux ou de gladiateurs. Les combattants ne manquent pas de place puisque l’arène en ellipse mesure une cinquantaine de mètre. Pour les spectacles, le public peut s’asseoir face à un podium surmonté d’une scène géante de 41m de long. Des spectateurs nombreux puisque les gradins géants peuvent accueillir 17 000 personnes. Un chiffre impressionnant quand on sait qu’il représente le double de la population de Lutèce à l’époque. D’ailleurs les arènes de Lutèce sont à ce moments là les plus grandes de Gaule.
Des conditions optimums
Le site se trouve à l’extérieur de la ville. Le public qui s’y rend bénéficie de conditions optimales pour assister aux spectacles. En effet l’acoustique du lieu est parfaitement travaillé, et les spectateurs peuvent être à l’abris des averses et du soleil. Pour cela un système de câbles et de poulies courts autour de longs mats placés au sommet de la façade. Ainsi il ne reste plus qu’à tendre des toiles pour protéger le public des caprices du temps.
L’accès aux gradins se fait en passant par l’une des deux entrées principales. Chacune d’entre elle est suivies d’un long couloir de 40 m, recouvert d’une voûte. De là les spectateurs débouchent sur l’arène où un mur de pierres les protège des animaux sauvages.
Chacun sa place
De là les spectateurs accèdent aux gradins par des couloirs. Chaque spectateur se place dans les traverses de l’arène en fonction de sa catégorie. Déjà à l’époque les sièges les mieux placés sont réservés aux notables. Pour preuve les noms gravés dans la pierre qui ont été retrouvé sur des sièges proches de l’arène.
Enfin on trouve au niveau de l’arène, quatre pièces fermées par des grilles qui ont un accès direct sur la piste. C’est ici que les animaux ou les gladiateurs attendent l’heure du combat. Ces festivités sont offertes au public par des notables à l’occasion de fêtes. Elle peuvent également servir les ambitions de généreux donateurs en quête de popularité.
La disparition des arènes de Lutèce
Le site des arènes de Lutèce en 1615, représentées sur le plan de Mérian. Les arènes ne sont alors pas répertoriées.
Il est probable que les arènes restent en activité jusqu’à la première destruction de Lutèce, à la fin du IIIe siècle. Puis l’arène suit le lent déclin de l’empire Romain. De ce fait l’amphithéâtre n’est plus utilisé et la population utilise les pierres de l’édifice pour construire une enceinte autour de la ville.
Les arènes doivent attendre 577 pour que Chilpéric fasse réparer l’amphithéâtre afin de pouvoir y donner des spectacles. Finalement l’édifice est de nouveau abandonné. Pendant un temps le lieu sert de cimetière, dans lequel les chrétiens utilisent les pierres restantes pour marquer les tombes. Au Moyen Âge, le site disparaît entièrement avec la construction des fortifications de Philippe Auguste.
On a retrouvé les arènes de Lutèce
Les arènes en 1897. Photo de Clément Meurice
” Arènes de Lutèce, partie nord découverte en 1869, partie sud mise au jour en 1883–1885, l’ensemble restauré en 1917–1918 “.
Inscription du fronton de l’entrée 49, rue MongePour en retrouver les traces il faut attendre les travaux d’ouverture de la rue Monge entre 1860 et 1869. De ce fait Théodore Vacquer découvre la partie nord des arènes. Puis entre 1883 et 1885, la compagnie générale des tramways effectue des travaux de terrassement pour construire un dépôt. A cette occasion la partie sud des arènes est totalement dégagée.
Afin de défendre le site et son intérêt historique, “La Société des amis des Arènes” est créée. L’association peut compter notamment sur le soutien de Victor Hugo. D’ailleurs le courrier que l’auteur écrit en Juillet 1883 va être déterminant dans la sauvegarde du monument. En effet quelques jours après, le conseil se port acquéreur des vestiges de l’amphithéâtre. Les vestiges sont classés monument historique en 1884.
“Ce n’est pas possible, que Paris, la ville du futur, renonce à la preuve vivante qu’il s’agissait d’une ville du passé.” Victor Hugo
Enfin c’est suite au démantèlement du tramway en 1916 et au percement de la ligne 10 du métro que le chantier est relancé. Cette fois c’est l’anthropologue Louis Capitan qui continue les fouilles jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Grace à lui une autre partie des arènes est mise à jour. Son chantier vient terminer définitivement le travail de restauration des arènes. Cependant Capitan est un peu déçu. En effet les immeubles construits du côté de la rue Monge ne lui permettent pas de compléter la restauration de l’ensemble du site.
Les arènes de Lutèce aujourd’hui
Les arènes de nos jours. Photo Shadowgate/Flickr
Aujourd’hui les arènes servent de terrain de jeu aux footballeurs en herbe et aux joueurs de pétanque. C’ un lieu paisible et étonnant, qui est situé à seulement 800m au sud de Notre-Dame. L’endroit est loin des sentiers touristiques et permet de se retrouver face à un vestige de Lutèce.
Ainsi même si la plupart de l’arène d’aujourd’hui est le fruit du travail de restauration, il n’est pas impossible de laisser travailler son imagination. Assis tranquillement ou debout sur la scène, amusez vous à imaginer ce que ces arènes ont été. Et puis cet endroit est aussi l’un des seuls qui permettent de se retrouver à la source des véritables origines de Paris.
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24 Rue Guillaume le Conquérant | Jumièges | 76480 | FranceLes vestiges de l’abbaye de Jumièges comptent parmi les plus belles ruines de France. C’est une bonne idée d’excursion pour une journée en Normandie.” Muette en sa douleur, Jumièges gravement
Étouffe un triste écho sous son portail normand,
Et laisse chanter sur ses tombes
Tous ses nids dans ses tours abrités et couvés,
D’où le souffle du soir fait sur les noirs pavés
Neiger des plumes de colombes ! ”
Victor Hugo dans “Les voix intérieures” en 1837Depuis le XIXème siecle, les vestiges de l’ancienne abbaye bénédictine sont souvent qualifiées de “plus belles ruines de France”. Cette abbaye construite du vivant de Guillaume le Conquérant est parvenue à traverser plus de neuf siècles.
La lente agonie de l’édifice débute par l’invasion viking. Malgré d’innombrables transformations le domaine continuera de subir les soubresauts de l’histoire jusqu’à la révolution française. A cette époque l’abbaye en grande partie détruite est abandonnée à son triste sort. D’ailleurs elle devient même une carrière de pierres, que l’on extrait des restes de l’église et de ses dépendances.
Par chance, et surtout grâce à la volonté d’un homme, une partie de la battisse existe encore. C’est le cas notamment de la façade ouest avec ses tours jumelles, de la nef, de petites parties du transept, de la tour à lanterne et du chœur.
L’Abbaye de Jumièges, les origines
L’Abbaye Bénédictine de Jumièges voit est fondée par Saint Philibert en 654, sur les terres de la couronne. Tout au long de son histoire, l’abbaye a souvent bénéficié d’un soutien royal. D’ailleurs les abbés sont souvent proches des familles dirigeantes. Par exemple Charlemagne décide d’y exiler le duc de Bavière Tassilon III après la défaite des Francs contre les Bavarois.
L’attaque viking
Attaque de Viking dans un codex illuminé daté de 1100 de l’abbaye de Saint-Aubin
L’abbaye de Jumièges jouit d’un bel emplacement en bord de Seine. Elle est construite dans l’une des nombreuses boucles du fleuve qui serpente entre Rouen et la mer. Cependant cet endroit paisible et charmant n’est dénué de tout danger puisqu’il reste très visible de la Seine. De ce fait les vikings pillent et détruisent le monastère carolingien en 841.
Petit à petit les Vikings s’installent en Normandie jusqu’au Xème siècle. Désormais ils peuvent compter sur le soutien des ducs de Normandie.
La renaissance
Planche gravée du 17ème siècle représentant l’abbaye Saint-Pierre de Jumièges, dans le livre Monasticon Gallicanum.
L’abbaye renaît de ses cendres et peut reprendre ses activités. D’ailleurs on y fait construire et une grande église romane en 1067. L’édifice est même consacré en présence de Guillaume, duc de Normandie. Dans l’histoire l’homme est plus connu sous le nom de Guillaume le Conquérant.
Un nouveau choeur gothique est reconstruit entre 1267 et 1270. En même temps, le transept subit une métamorphose, elle aussi gothique. De ce fait des arcs en pointe plus en vogue viennent se superposer à ceux d’origine romanes.
Ainsi l’abbaye de Jumièges devient l’un des plus grands monastères de France. Au Moyen Âge, le monastère se fabrique une renommée internationale à cause des livres écrit dans son scriptorium. Cette période de prospérité et de paix va durer ainsi jusqu’au guerres de religion du XVIème siècle.
Grandeur et décadence
Abbaye de Jumièges en 1702.
Alors que les guerres de religions font rage dans le royaume, l’abbaye est prise pour cible par les Les huguenots. Leur attaque sur l’abbaye est tellement destructrice que Jumièges ne parviendra jamais à retrouver sa gloire passée.
Enfin c’est la révolution française qui mettra un terme définitif aux activité de l’abbaye. En 1793, le domaine est vendu à un marchand de bois qui fait démolir les principaux vestiges. C’est le cas notamment de la tour centrale et du chœur. Le marchand décide de faire commerce des décombres comme pour une carrière de pierre.
Les ruines aujourd’hui
Les ruines de l’abbaye Saint Pierre de Jumièges de nos jours. photo Alexis MONS/Flickr
Tout le site de l’abbaye de Jumièges est acheté par la famille Lepel-Cointet en 1852. Cette famille va tout faire pour tenter de préserver les structures restantes. Les différentes générations de Lepel Cointet vont réussir ce pari un peu fou. Mais celui exige des moyens très importants, et la famille n’a d’autre choix que de vendre le site à l’État juste après la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui les vestiges de l’abbaye montrent encore le passé glorieux de l’édifice pendant des siècles. L’église romane Notre-Dame devait être immense. On s’en rend compte en voyant la hauteur de ses murs, qui ont été épargné de la destruction après la Révolution française.
Il en est de même pour une grande partie de la façade ouest où le porche et les deux tours de 46 m ont survécu. Leur flèche n’a été perdu qu’en 1830. Par contre une tourelle est toujours présente sur ce qu’il reste de la tour de la lanterne.
Au sud de l’église principale se trouvent les vestiges de l’église St Pierre. La plupart de ses ruines gothiques datent du XIIIe et XIVe siècles. D’ailleurs ce sont les seules parties restantes du monastère carolingien détruit par les Vikings.
Plan de l’église abbatiale Notre-Dame de Jumièges, Normandie, 1040–1067
Les visiteurs peuvent également explorer les grands jardins de 15 ha, clos par un mur d’enceinte de 2,5 km de long. Et puis au sud-est de l’église se trouve un jardin à la française qui offre une vue magnifique sur les ruines de l’abbaye.
L’abbaye version XXIème siècle
Aujourd’hui les visiteurs de l’abbaye ont la possibilité de louer une tablette. Dedans des modèles 3D de quatre sites montrent en se super