Harold Baum­gar­ten fait par­tie de la pre­mière vague d’as­saut sur Oma­ha beach. Il lui fau­dra attendre 44 ans avant de témoi­gner de sa ter­rible jour­née sur Oma­ha Beach. En effet, c’est seule­ment en 1988 qu’il accepte pour la pre­mière fois de racon­ter son his­toire surréaliste.

“Il m’a dit que l’eau res­sem­blait à quel­qu’un qui a pris un pin­ceau rouge et a peint l’eau” Rita Baum­gar­ten, l’é­pouse d’Ha­rold Baumgarten

Harold est New yor­kais. Il entre à l’u­ni­ver­si­té de New York à l’âge de 16 ans. Un an plus tard, en 1941, les Etats Unis sont atta­qués à Pearl Har­bor. Immé­dia­te­ment Hal tente de s’en­rô­ler comme pilote mais il se fait reca­ler à cause de son âge.

Il devra attendre 1943 pour enfin tra­ver­ser l’At­lan­tique. Après un rapide pas­sage par l’E­cosse, le sol­dat Baum­gar­ten se retrouve dans le sud de l’An­gle­terre. Là il est incor­po­ré au sein du 116ème régi­ment de la 29e divi­sion d’in­fan­te­rie. Il fait par­tie de la com­pa­gnie A, et à cette occa­sion ren­contre beau­coup de jeunes sol­dats ori­gi­naires de la ville de Bed­ford en Vir­gi­nie. Harold ignore que la grande majo­ri­té de ces gar­çons, plus connus sous le nom de “Bed­ford boys” seront tués deux semaines plus tard sur Oma­ha beach.

Le jour J, Baum­gar­ten vient d’être trans­fé­ré dans la com­pa­gnie B pour mener l’as­saut sur la plage. Lorsque la barge de débar­que­ment atteint le rivage d’O­ma­ha beach, seuls deux ou trois des 30 hommes qui accom­pagnent Baum­gar­ten sur­vivent à l’as­saut de la plage.

Le 6 juin 1944, Baum­gar­ten décide ne pas por­ter la veste de cam­pagne lourde que portent les autres sol­dats. En effet il craint la noyade à cause du poids de la veste. D’ailleurs son ins­tinct lui don­ne­ra rai­son  puisque le poids de l’é­qui­pe­ment sera res­pon­sable de nom­breuses noyades chez les sol­dats de la force d’invasion.

Harold a fait le choix de por­ter une veste plus légère sur laquelle il a des­si­né une étoile de David. Avec cet acte de défiance, Harold décide d’i­gno­rer les aver­tis­se­ments selon les­quels il fera une cible pri­vi­lé­giée pour les Allemands.

Sau­vé par son fusil

Barge de débar­que­ment en approche sur Oma­ha Beach.

Baum­gar­ten et son régi­ment doivent débar­quer juste après la pre­mière vague d’as­saut sur le sec­teur “Char­lie” d’O­ma­ha Beach. Lors­qu’il saute de son embar­ca­tion, Hal se retrouve avec de l’eau jus­qu’au cou. 

Désor­mais, il est seul et doit faire face au tirs alle­mands sans pou­voir se défendre. La puis­sance de feu alle­mande est dévas­ta­trice. Autour de lui, c’est l’hé­ca­tombe, de nom­breux sol­dats sont abat­tus quelques secondes à peine après le début de l’as­saut. Sa sec­tion toute entière est déci­mée. Harold tente par tous les moyens de se pro­té­ger des balles enne­mies quand l’une d’elles vient mira­cu­leu­se­ment se loger dans le canon de son fusil. Son arme est hors d’u­sage, mais il a la vie sauve.

Les 5 bles­sures d’Ha­rold Baumgarten

Vue à par­tir d’une barge des opé­ra­tions de débar­que­ment sur Oma­ha beach.

7h30, La pre­mière blessure

A 7H30, Harold Baum­gar­ten est sur la plage quand un éclat d’obus le blesse griè­ve­ment au visage. En effet un mor­ceau de sa joue gauche, une par­tie de sa gen­cive et de ses dents volent en éclat. Mal­gré d’hor­ribles dou­leurs, l’ins­tinct de sur­vie donne à Hal le cou­rage néces­saire pour se mettre à l’abri der­rière un mon­ti­cule. Par chance un infir­mier qui se trouve à côté le prend en charge et le sou­lage comme il peut avec de la morphine.

10h, La deuxième blessure

Sur Oma­ha beach c’est l’en­fer. Il est près de 10H quand le cal­vaire de Hal conti­nue. Par­tout sur la plage les obus sèment la mort.

Hal voit un sol­dat tom­ber non loin de sa posi­tion. N’é­cou­tant que son cou­rage il décide de s’ap­pro­cher pour lui por­ter secours lors­qu’il est tou­ché à la tête par des éclats d’obus.

17h, la troi­sième blessure

Il est 17H sur Oma­ha Beach. Avec d’autres blessés,Harold se réfu­gie der­rière un talus. C’est alors qu’il aper­çoit un groupe de sol­dats mon­tant à l’assaut d’une posi­tion alle­mande qui domine la plage. il décide de les suivre et de conti­nuer à com­battre. Mais à nou­veau, une balle lui tra­verse le pied pen­dant qu’il tente de tra­ver­ser une route. Heu­reu­se­ment, il lui reste encore un peu de mor­phine et des ban­dages propres. Hal soigne tant bien que mal sa bles­sure et se remet en route pour évi­ter de res­ter seul.

00h, la qua­trième blessure

Il est aux alen­tours de minuit quand une rafale de mitrailleuse fauche le petit groupe de sol­dats. De nou­veau tou­ché au visage, bles­sé pour la qua­trième fois de la jour­née, Harold s’ef­fondre dans un fos­sé. De où il est, il peut voir la lune. D’a­près lui c’est la lune la plus belle qu’il n’a jamais vu. Cette fois il est sûr que sa der­nière heure est arri­vée. Au milieu de ses cama­rades d’in­for­tune il ago­nise. Les six autres sol­dats qui l’ac­com­pagnent sont morts. Une der­nière fois, il trouve la force de s’administrer de la mor­phine pour dimi­nuer les dou­leurs avant de perdre connais­sance jus­qu’au len­de­main matin. 

Matin du 7 juin, la cin­quième blessure

Le 7 juin, au petit matin, une patrouille amé­ri­caine tombe par hasard sur les mal­chan­ceux. Hal est encore en vie. Le mira­cu­lé est immé­dia­te­ment éva­cué sur la plage de toute urgence. 

Désor­mais Harold est de retour sur Oma­ha beach, allon­gé sur un bran­card. Comme des cen­taines d’autres sol­dats, il attend son rapa­trie­ment vers l’An­gle­terre. La gra­vi­té de son état fait qu’un infir­mier s’oc­cupe de lui pour qu’il ne sombre pas. Pour­tant pour Hal et ses com­pa­gnons d’in­for­tune, l’en­fer n’est pas terminé. 

En effet un sni­per Alle­mand iso­lé est par­ve­nu à se cacher dans les dunes. De là il a une vue déga­gée sur tous les bles­sés qui attendent d’être éva­cués. Patiem­ment, le sni­per ajuste son tir avant d’ou­vrir le feu sur les bles­sés. Une pre­mière balle atteint le bras de l’in­fir­mier, tan­dis qu’un second pro­jec­tile explose le genou d’Ha­rold. Le tireur par­vient à prendre la fuite. 

Cette fois c’est la der­nière. La cin­quième et der­nière fois où le sol­dat Harold Baum­gar­ten sera bles­sé sur la plage d’Oma­ha beach .

Épi­logue du jour J d’Ha­rold Baumgarten