La grève des sardinières de Douarnenez : des Bretonnes en colère

18 Rue Anatole France Douarnenez

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En novembre 1924, les sardinières de Douarnenez, ouvrières des conserveries bretonnes, se révoltent contre des conditions de travail inhumaines. Pendant six semaines, elles tiennent tête à leurs patrons et décrochent une victoire historique pour les droits ouvriers.

 


L'HISTOIRE EN BREF

Douarnenez, quand les sardinières se révoltent

Quatre jeunes filles debout devant une table couverte de boîtes à sardines vides.
Douarnenez : la préparation des boîtes de conserve vers 1920 

À Douarnenez, en 1924, la sardine est bien plus qu’un simple poisson : elle est au cœur d’une industrie florissante qui nourrit des milliers de familles. Mais derrière cette apparente prospérité, les conditions de travail des sardinières sont terribles. Ces femmes, surnommées les Penn Sardin, triment jour et nuit dans des conserveries insalubres. Payées 80 centimes de l’heure, elles peinent à joindre les deux bouts dans une ville où un kilo de pâtes coûte quatre francs.

La colère gronde. Les sardinières travaillent souvent plus de 72 heures par semaine, bien que la loi limite théoriquement la journée de travail à 8 heures. Le 20 novembre 1924, lassées d’attendre un changement, une centaine d’ouvrières quittent leur poste. Le lendemain, le mouvement s’étend : les sardinières réclament 1 franc de l’heure, puis adoptent un nouveau slogan en breton, "Pemp real a vo" ("1,25 franc ce sera !"). Ce cri de ralliement devient le symbole de leur détermination.

Écoutez gronder leur colère - Les héritières des Penn Sardin - 1

Six semaines de lutte : solidarité, chants et manifestations

foule de femmes en coiffe et fichu, au premier plan, un enfant coiffé d'un béret.
Distribution de vivres à la mairie en 1903 pendant la grève des sardinières. 

Douarnenez devient l’épicentre d’un mouvement social sans précédent. Plus de 1 500 sardinières et 500 ouvriers se joignent à la grève, paralysant les 21 conserveries de la ville. Les journées sont rythmées par des manifestations bruyantes, où les femmes défilent en sabots, chantant des airs révolutionnaires pour se donner du courage.

L’organisation est exemplaire. Avec l’aide de Charles Tillon, responsable syndical de la CGTU, et de la militante féministe Lucie Colliard, les sardinières mettent en place des soupes populaires et une crèche pour leurs enfants. Même le maire communiste, Daniel Le Flanchec, apporte son soutien. La solidarité dépasse les frontières de la Bretagne : des collectes sont organisées à Paris, et le gouvernement offre des vêtements aux familles des grévistes.

Mais le conflit s’envenime. Le 1er janvier 1925, des briseurs de grève envoyés par les patrons déclenchent une fusillade dans un bar, blessant plusieurs personnes, dont le maire. Cet incident scandalise l’opinion publique et force les employeurs à négocier.

Les ouvrières de la mer - 1

Une victoire aux répercussions durables

Foule de personnes massée le long d’un petit port maritime.
Manifestation des sardinières devant les usines du port.

Le 7 janvier 1925, après six semaines de lutte acharnée, les sardinières obtiennent une augmentation de salaire à 1,25 franc de l’heure, ainsi que le respect de la journée de 8 heures et le paiement des heures supplémentaires. Cette victoire marque un tournant dans l’histoire des luttes ouvrières en France.

 À la suite de ce mouvement social, une femme, Joséphine Pencalet, réalise même l’impensable en devenant la première femme élue conseillère municipale en France. Bien que son élection soit annulée par le Conseil d'État, elle reste une figure emblématique, symbole des avancées qu’il était désormais possible d’envisager pour les femmes. L’esprit de la grève des Penn Sardin, continue encore aujourd’hui d’inspirer, les mouvements de luttes pour la justice.


Une belle grève de femmes - Les Penn sardin Douarnenez, 1924 - 1

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